Les Côtes-de-Gascogne blancs : versant moelleux
IGP Côtes de Gascogne : la mutation réussie du vignoble de l’Armagnac
Le vaste vignoble (13 000 ha) des Côtes de Gascogne s’étend dans le Gers, avec des extensions dans les Landes et le Lot-et-Garonne. C’est le pays de l’Armagnac, qui a donné son nom à la plus ancienne des eaux-de-vie de vin françaises, très recherchée au XVIIe siècle par les Hollandais, dont la région livrait d’importants volumes jusqu’à la crise phylloxérique. Un grand alcool de dégustation qui ne suffisait pas à faire vivre ses producteurs au siècle dernier. Si la Gascogne, entre volailles et foie gras, melon, ail et tournesol, ne manque pas d’autres ressources, ses agriculteurs n’ont pas réduit pour autant leur vignoble à la portion congrue. Fidèles à leurs traditions gastronomiques et à leur culture, ils ont gardé leurs alambics.
Les Gascons savent aussi innover, et exportent de longue date leurs produits. N’ont-ils pas acclimaté puis exporté avec succès le kiwi, il y a une quarantaine d’années dans le bassin de l’Adour ? Un goût de Nouveau Monde, que l’on retrouve dans les vins des Côtes de Gascogne, « vins de pays » développés à la même époque. Les deux tiers du vignoble sont aujourd’hui dédiés à ces vins directs, fruités et croquants, faits pour une consommation immédiate et décomplexée.
Succès à l’exportation
Les côtes-de-gascogne ne sont pas classés en AOC, mais en IGP (indication géographique protégée, nouvelle dénomination européenne des « vins de pays ») ; un signe officiel qui garantit lui aussi qualité et origine. Les conditions qualitatives sont définies dans un cahier des charges (imposant une récolte à 100 % dans la zone géographique délimitée et une élaboration dans ce territoire ou la zone de proximité immédiate et des contrôles certifiés par un organisme indépendant). Par rapport aux AOC, les contraintes sont moindres. Cela autorise d’excellents rapports qualité prix et des performances enviables sur les marchés extérieurs.
La production des côtes-de-gascogne, en augmentation régulière, représente environ 700 000 hl de vins blancs (les rouges et rosés ne dépassent pas 15 % de la production). Des vins écoulés à 60 % hors de l’Hexagone: ce sont les plus exportés des vins blancs de France ! Les pays du Nord de l’Europe et les nouveaux consommateurs apprécient leur fruité précis, leur légèreté, leur vivacité alerte. Et leur prix : s’il existe au Royaume-Uni et en Europe du Nord des amateurs fortunés, prêts à dépenser gros pour clarets et champagnes, les nouveaux consommateurs, les clients des pays non-producteurs sont très sensibles aux prix.
Les côtes-de-gascogne : secs ou moelleux, toujours fringants
Destiné à l’origine exclusivement à l’armagnac, le vignoble des côtes-de-gascogne est dominé par les cépages blancs qui fournissent les vins légers et vifs que l’on distille pour obtenir l’eau-de-vie. Et pourtant, dès le début des années 1980, des producteurs comme les Grassa (du domaine du Tariquet) et la cave de Plaimont ont employé des méthodes nouvelles pour vinifier les cépages initialement dédiés à l’armagnac : l’ugni blanc et le colombard. Le premier donne vivacité et légèreté, le second un fruité intense. D’autres cépages sont venus compléter l’encépagement, apportant plus de complexité et de corps aux côtes-de-gascogne : des cépages internationaux (chardonnay et surtout sauvignon, déjà implanté dans le vignoble au XIXe siècle) ; régionaux (gros et petit mansengs, cultivés au Béarn et au pays Basque).
Si le chardonnay donne parfois son étoffe et sa rondeur, les autres cépages lèguent aux vins beaucoup de fraîcheur et d’arômes : agrumes et fleurs blanches pour le sauvignon, auxquels s’ajoutent les fruits exotiques pour les deux mansengs. On obtient ainsi des vins secs pleins de tonus, dont les vignerons gascons se sont fait une spécialité. Gros et petits manseng, cépages tardifs à la peau épaisse, permettent aussi de récolter des raisins surmûris à l’origine d’agréables moelleux.
Des côtes-de-gascogne doux… à prix doux
Les côtes-de-gascogne moelleux sont élaborés dans le même esprit que les secs : on ne recherche pas un summum de concentration ; il ne s’agit pas de copier le sauternes ; ni le jurançon, issu des mêmes cépages. L’objectif est d’obtenir des vins accessibles à tous les sens du terme : légers, francs, fruités et à la portée de toutes les bourses, contrairement à leurs voisins girondins. On n’hésite pas à mobiliser toutes les technologies de pointe en matière de vinification des vins blancs.
A la vigne : il faut des raisins riches en sucres, mais sans excès ; sur les coteaux de Gascogne, pas de rendements réduits à l’extrême ; ni de récolte manuelle minutieuse et onéreuse, grain par grain, en plusieurs passages (les « tries », obligatoires pour les vins doux en AOC), mais plutôt une vendange à la machine. La machine à vendanger ne fait pas qu’abaisser les coûts de revient ; grâce à sa souplesse d’utilisation, elle permet de récolter à toute heure. Y compris la nuit, ce qui préserve la fraîcheur des raisins blancs, si sensibles à l’oxydation. Cette fraîcheur facilite les opérations de vinification favorisant l’expression aromatique.
Au chai : comme pour les vins secs, on a recours à la macération pelliculaire (on laisse macérer les peaux avant fermentation) : une technique qui exalte le fruité des cépages mansengs. Après le pressurage, pas de barrique ; ce qui est recherché, c’est la pureté du fruit. Le vin fermente en cuve, à basse température (toujours pour préserver les arômes) ; on stoppe la fermentation par le froid pour conserver une partie des sucres du raisin, et on met le vin rapidement en bouteilles. Le résultat ? Des moelleux qui ne seront pas de garde (trois ans tout au plus sauf grande année), mais qui ont d’autres qualités : un fruité exubérant aux nuances d’agrumes, de fruits exotiques et de fruits jaunes bien mûrs, du peps : et une légèreté (12 °C) qui leur permet d’accompagner tout un repas, de l’apéritif au dessert.
Les côtes-de-gascogne moelleux à table
On pense d’emblée aux vins moelleux pour le foie gras. Cependant, cette spécialité régionale n’est pas l’accord exclusif, tant s’en faut. Légers et frais, les côtes-de-gascogne moelleux sont parfaits à l’apéritif, notamment avec des amuse-bouche aux fruits : brochettes de fruits, billes de melon. Ils s’entendent encore avec des associations sucrées-salées : tartines au chèvre frais et miel, poires au roquefort, jambon ou crevettes à l’ananas, toasts aux figues et au fromage frais.
On pensera aussi à eux pour le plat principal : poulet rôti et viandes blanches. On pourra accompagner ces viandes des fruits dont on peut retrouver les arômes dans le vin : mangue, ananas, fruit de la passion, agrumes, pêche, abricot… Les fromages ? Bonne pioche aussi : des pâtes fraîches ou pressées jeunes, des bleus, des croûtes lavées. On ne les choisira pas trop puissants, car ces vins ne sont pas très concentrés.
Les moelleux sont des vins de dessert pas excellence. On privilégiera les desserts fruités, aériens et pas trop sucrés : mousses aux fruits exotiques, tartes aux fruits jaunes, sorbets…
Voir aussi :
Cépages : le gros manseng et le petit manseng
Le domaine de Miselle : les chevallier, leurs chevaux et leurs mansengs
Plaimont, fer de lance des côtes-de-gascogne
Découvrez nos recettes de fêtes avec les Côtes-de-gascogne moelleux :
Coquelet caramélisé sauce au foie gras
Gratin d'oranges aux pépites de chocolat
Bûchette de noël citron vert et mangue
Découvrez la galerie photo des Côtes-de-Gascogne :
Copyright Michel Carossio
Pour plus d'informations :
http://www.vins-cotes-gascogne.fr/