Plaimont, fer de lance des côtes-de-gascogne
En 1985, 3 ans après la fusion des trois caves gersoises qui ont formé le groupe PLAIMONT, vous avez obtenu 4 vins sélectionnés dans la première édition du Guide Hachette. Dont un coup de cœur pour un blanc sec vin de pays des côtes de Gascogne : Plaimont Colombard 1984. « Ce que l’on fait de mieux comme vin de pays », écrivaient nos dégustateurs. Etait-ce l’ancêtre de la Colombelle, cuvée phare de Plaimont en côtes-de-gascogne ? Depuis quand cette marque existe-t-elle ?
C.G. Oui, c’est l’ancêtre de Colombelle, marque qui a une trentaine d’années maintenant.
Vous produisiez alors 1,5 millions de bouteilles. Aujourd’hui, c’est 40 000 000 cols ! Une croissance spectaculaire, à comparer à d’autres filières agricoles sinistrées. Comment l’expliquer ? Augmentation des superficies ? Multiplication du nombre des adhérents ? Reconversion d’une partie d’un vignoble à l’origine destiné à la distillation (ce qui implique une augmentation des volumes à surface égale, puisque l’eau-de-vie, c’est du « vin concentré » ?)
C.G. L’augmentation des superficies et du nombre des adhérents résultent de la fusion, en 1979, de trois caves coopératives gersoises : celle de Plaisance, d’Aignan et de Saint-Mont pour former la cave des Vignerons de Saint-Mont. Le nom de Plaimont, figurant souvent sur les étiquettes, désigne l’unité d’embouteillage et de commercialisation. En 1999, deux nouvelles coopératives ont rejoint l’Union Plaimont : la cave de Condom (Val de Gascogne), dans le Gers, et les Vignerons du Madiran (Crouseilles), dans les Pyrénées-Atlantiques. La reconversion du vignoble a joué aussi : à la fin des années 1970, la région produisait des vins de table et beaucoup d’eau-de-vie.
Dans cette réorientation, il faut souligner le rôle d’André Dubosc, ancien directeur de la cave de Saint-Mont. Au milieu des années 1970, lors d’un voyage d’étude aux Etats-Unis en compagnie du restaurateur André Daguin, il fut convaincu par des vins très aromatiques élaborés en Californie à base de French Colombard - le colombard gersois, alors distillé pour l’armagnac, production à l’époque en crise. En Allemagne, il constata les bénéfices d’un matériel de cave moderne et de techniques nouvelles de vinification des vins blancs, dont il s’agissait de préserver la fraîcheur. Il a su convaincre ses collègues vignerons de se tourner vers les vins de pays (aujourd’hui IGP côtes-de-gascogne).
L’essor des côtes-de-gascogne est-il lié à la création des vins de pays à la fin des années 1960 ?
C.G. Cet essor est plutôt lié au dynamisme commercial de Plaimont et à ce style, nouveau pour l’époque, de vins blancs secs fruités, vifs et très aromatiques qui ont vite rencontré d’importants débouchés à l’export. Les caves particulières ont renforcé cette notoriété avec la production de marques assez fortes dans les années qui ont suivi.
Le groupe Plaimont dispose de 5 300 ha ; le tiers du vignoble gascon (environ 15 000 ha, dont quelque 4 300 dédié à l’armagnac). Il n’a jamais fourni que du vin ?
C.G. Oui ; si l’on excepte une petit production d’armagnac dans l’un de ses châteaux (le domaine de Cassaigne). Des vins en AOC (Saint-Mont, Madiran/Pacherenc-du-Vic-Bilh) ou en IGP (côtes-de-gascogne, qui représentent les deux tiers des volumes).
Depuis combien de temps cultive-t-on les cépages mansengs dans la région ?
C.G Dès l’origine, en saint-mont (essentiellement du gros manseng pour des blancs secs) et en AOC pacherenc-du-vic-bilh (du petit manseng récolté passerillé pour les vins doux). En IGP côtes-de-gascogne, l’essor du gros manseng est relativement récent. Il y a vingt ans, ce cépage n’était présent qu’en petites quantités dans des assemblages de blancs secs ; depuis quelques années, le développement spectaculaire des blancs moelleux à base de gros manseng a favorisé la plantation de cette variété.
Plaimont propose-t-il aussi des cuvées de côtes-de-gascogne moelleux « haut de gamme », récoltés à la main et pourquoi pas élevés en fût, qui rappelleraient les pacherenc-du-vic-bilh issus eux aussi largement des cépages mansengs ? Ou bien y a-t-il complémentarité entre ces deux productions :
C.G. Quelques domaines particuliers proposent des cuvées ambitieuses. Plaimont préfère distinguer les gammes : en AOC, le pacherenc-du-vic-bilh moelleux, plus concentré, plus doux, au potentiel de garde supérieur ; en IGP, le côtes-de-gascogne moelleux, très accessible (45 g/L de sucres selon le cahier des charges). Ce dernier peut toutefois se garder jusqu’à quatre ou cinq ans les meilleures années, même si on le débouche en général dès l’achat.
La Gascogne est aussi un terroir d’élevage des canards à foie gras du Sud-Ouest, production qui bénéficie elle aussi d’une indication géographique protégée. Le foie gras forme une belle alliance régionale avec les moelleux. Certains viticulteurs sont-ils aussi éleveurs ?
C.G. Cela arrive, car le vigneron gascon est rarement spécialisé, si l’on excepte certains domaines en madiran. Traditionnellement en polyculture, il cultive céréales (blé ou maïs selon les régions) et vignes, tournesol parfois. L’élevage (de la volaille essentiellement) peut compléter ces cultures. Le président de la coopérative y ajoute même le kiwi de l’Adour ! L’oenotourisme, avec des gîtes ruraux, contribue aussi souvent au revenu des viticulteurs.
Est-il vrai que vos adhérents s’engagent à participer à des animations au prorata des hectares qu’ils cultivent ?
C.G. Exactement, et ce dès l’origine. Chaque adhérent s’implique à raison d’une journée par an pour 1,5 ha. Il participe à des animations en grande distribution, chez des cavistes, voire à l’étranger.
Voir aussi :
Les côtes-de-gascogne blancs, versant moelleux
Cépages : le gros manseng et le petit manseng
Le domaine de Miselle : les chevallier, leurs chevaux et leurs mansengs
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Coquelet caramélisé sauce au foie gras
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