VINS DE LE PIÉMONT PYRÉNÉEN
Éparpillés au sud de la Garonne, les vignobles du piémont pyrénéen ont la chaîne montagneuse des Pyrénées pour toile de fond.
Ils ont aussi en commun d'être irrigués par l'Adour, qui se jette dans l'Océan au sud de Bayonne, ou par ses affluents. Ils ne sont donc pas tributaires de la Garonne et ont échappé de longue date à la mouvance bordelaise.
Climatiquement, les appellations du piémont sont soumis à la double influence de l'Atlantique et des Pyrénées. La relative proximité de l'Océan se traduit par un air humide et doux. Quant à la montagne, elle fait parfois peser sur les plantations les plus proches des reliefs - comme à Jurançon - des menaces de gelées printanières. Paradoxalement, les reliefs contribuent aussi à réchauffer l'atmosphère, tout en atténuant l'humidité océanique, grâce à l'effet de Foehn. C'est ainsi que ces vignobles du piémont bénéficient souvent d'épisodes particulièrement chauds et ensoleillés, parfois jusqu'au cœur de l'hiver.
Parlers, traditions, gastronomie, ces régions ont une forte identité. Les Vascons, qui ont donné leur nom à la Gascogne et au Pays Basque, combattirent les Romains. Ce sont eux, et non les Sarrazins, qui défirent l'arrière-garde de Charlemagne à Roncevaux ! Le Béarn, une partie du Pays Basque, l'Armagnac, n'ont été rattachés au domaine royal que sous le règne d'Henri IV, roi de Navarre.
Dans ces pays de propriété paysanne, on ne trouvera guère d'imposants châteaux du vin. La vigne a lontemps fait partie d'un système de polyculture et d'élevage. Aujourd'hui encore, elle n'occupe que les coteaux et terrasses les mieux exposés et cède volontiers la place à la forêt, aux prés et aux champs de maïs.
Malgré leurs particularismes, ces régions ne sont pas restées à l'écart des échanges. Au Moyen Age, les routes du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle se rejoignaient au pied des Pyrénées occidentales. Nombre de vignobles, comme Irouléguy ou Madiran, ont été créés par des monastères fondés aux Xe et XIe s. en relation avec le pèlerinage.
Aux XVII et XVIIIe s., les négociants hollandais encouragèrent la production et l'exportation par l'Adour de vins doux et d'eaux-de-vie, suscitant la formation d'un "pays de vignes" en Chalosse, dans le Tursan et le Vic-Bilh. Mentionnée en Gascogne dès le XIVe s., la distillation a connu un développement notable grâce à ce commerce avec les Pays-Bas. C'est l'origine de l'armagnac, dont l'aire de production, délimitée en 1909, s'étendait jadis jusqu'aux Pyrénées.
L'encépagement ne contribue pas moins à la personnalité des vignobles du sud de la Garonne. À côté des cépages bordelais qui entrent souvent dans les assemblages, il existe des variétés autochtones. En rouge, le tannat donne naissance à des vins structurés et de garde. Cépage principal du madiran, il est présent dans tous les autres vins rouges produits dans le piémont. En blanc, le petit manseng, le gros manseng et le courbu, que l'on trouve dans le jurançon, sont typiques de ce secteur. On cultive aussi dans ces régions des variétés destinées à la production de l'armagnac et absentes des autres vignobles du Sud-Ouest : la folle blanche, l'ugni blanc, le colombard et le baco 22A - ce dernier étant le seul hybride encore autorisé en France.
Au XIXe s., l'émigration massive en Amérique des Basco-Béarnais et la crise phylloxérique ont failli rayer de la carte la plupart des vignobles du piémont pyrénéen. Le dernier demi-siècle a vu leur renaissance, portée aussi bien par des coopératives que par des domaines particuliers, qui ont su miser sur l'originalité de leur production.