Rodolphe Demougeot est élu vigneron de l'année du Guide Hachette des Vins 2022 en Bourgogne
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Quelles sont les origines de votre domaine et pourquoi vous êtes-vous tourné vers ce métier ?
Mes parents n’étaient pas vignerons, mais propriétaires de vignes. En 1992, j’ai pu récupérer l’exploitation des parcelles de ma mère. Elles étaient jusqu’alors exploitées par son frère et sa sœur. J’ai pu agrandir ensuite grâce à des achats ou des fermages, des métayages. C’est un métier très complet qui permet de toucher à beaucoup d’aspects différents, depuis la production de raisins jusqu’au produit fini. Faire du vin est l’aboutissement d’un cycle qui dure deux ans à partir de la taille des ceps de vignes jusqu’à la commercialisation de la bouteille.
Le Coup de Coeur du Guide Hachette des Vins 2022 :
RODOLPHE DEMOUGEOT Les Beaux Fougets 2019
RODOLPHE DEMOUGEOT Côte-d'Or Pinot noir 2019
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Où vous sentez-vous le plus à l’aise, dans le travail de la vigne, la cave ou la commercialisation ?
À mes débuts, j’aimais surtout le vin, être en cave. Aujourd’hui, plus je vieillis, plus j’aime aller aux vignes. J’aime cela surtout après la période que l’on vient de vivre, c’est un moyen de se changer les idées, de se ressourcer.
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Quelles sont vos principes de viticulture ?
On ne met plus de désherbants depuis une vingtaine d’années, plus d’engrais chimique. Je n’ai pas de certification particulière. L’esprit, c’est d’être bio le plus possible mais, plutôt que de me faire certifier, je veux être libre, notamment les années difficiles, comme on en a tous les 5 ou 6 ans. Cela permet d’éviter de faire marche arrière.
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Comment s’opèrent les vendanges et les vinifications ?
La récolte est manuelle, en petite caisse, avec un premier tri des raisins à la vigne. Un deuxième tri s’opère à la cuverie. Sur des cuvées comme beaune ou pommard, une partie des raisins, entre 10 et 30 % selon le millésime, n’est pas égrappée. Ensuite, l’idée est d’intervenir le moins possible : pas de levurage. L’élevage se fait avec 10 à 40 % de fût neuf pour les rouges, sur une durée d’un an, puis de deux mois en cuve pour terminer.
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Quels étaient pour vous les points clés de ce millésime 2019 ?
C’était une année relativement facile, avec peu de raisins à trier. Il nous a seulement manqué un peu d’eau pendant l’été. Les rendements n’ont pas été très généreux. Les vins sont équilibrés malgré des fortes maturités, les acidités sont plus élevées qu’en 2018. Ce sont des vins digestes et assez typés.
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Quelles sont les caractéristiques des terroirs de la cuvée de beaune Les Beaux Fougets et du bourgogne Côte d’Or?
Les Beaux Fougets est un climat à la limite avec Pommard, juste en dessous du Clos des Mouches. Ma parcelle fait un demi-hectare sur des sols argileux qui donnent des vins charnus plus typés pommard que savigny. Les vignes sont âgées de 40 à 60 ans. Les vins se gardent une dizaine d’années sans problème. Le bourgogne Côte d’Or provient de 2 hectares à Chassagne-Montrachet, en limite de l’appellation village, côté Santenay. La plupart des vignes sont âgées, une soixantaine d’années, mais j’ai commencé à replanter petit à petit la parcelle. Je vinifie cette cuvée en douceur, avec très peu de fût neuf, pour rechercher surtout de la finesse, la gourmandise. Ce sont des vins généralement bus assez rapidement.