Claire et Marion Bortolussi, Domaine Berthoumieu, vigneronnes de l'année 2025 dans le Sud-Ouest

À la suite de son père Louis, c’est l’emblématique Didier Barré qui a pris les commandes du domaine, au milieu des années 1980. L’homme a contribué au renouveau du madiran, dont il fut l'un des porte-étendards, et a fait de Berthoumieu une référence de la Gascogne viticole, patrie des mousquetaires de Louis XIV et de Charles de Batz, plus connu sous le nom d'Artagnan. 

Charles de Batz est d’ailleurs l’étiquette phare du domaine. Un madiran plein de panache, généreux, tannique, prêt à braver au moins une décennie, issu de très vieilles vignes − du tannat presque exclusivement (90 %), le cépage phare de l’appellation, avec le cabernet-sauvignon en appoint.  Une cuvée qui a décroché bien des étoiles et plus d’un coup de cœur dans ces pages. Toujours sous le signe du héros des Trois Mousquetaires, le domaine signe aussi une cuvée Constance, référence à la dame de cœur du fougueux Gascon. La version 2020 décrocha un coup de cœur l’an dernier. Un assemblage de tannat, cabernet franc, cabernet-sauvignon et pinenc (connu aussi sous le nom de fer servadou, mansois ou encore braucol). 

Et de la constance, ce domaine n'en manque assurément pas. En rouge, mais aussi en blanc, avec de belles réussites en pacherenc-du-vic-bilh (en sec et en doux), appellation qui partage son terroir avec le madiran. On notera ici la cuvée La Fé, un blanc sec né sur une parcelle qui renvoie à la peste ayant ravagé Viella au XVIIIe s. : les habitants incendièrent alors leur village pour en finir avec l'épidémie, puis le reconstruisirent pierre par pierre, en haut du coteau, remontant à pied par une pente qu'ils baptisèrent « la Fé » (la foi)… 

Quant à la cuvée Aulet sur le haut du podium cette année, elle est née sur une parcelle de tannat de 15 à 20 ans d’âge établie sur un sol argilo-calcaire à gravettes et argiles rouges. Une parcelle qui avait charmé Claire et Marion Bortolussi lors de leur reprise du domaine. Les deux sœurs ont en effet pris les rênes de la propriété en 2017 et de ses 25 ha de vignes, cédée à leur père Alain Bortolussi – du très bon Ch. Viella, où elles exercent et excellent également – et au négociant Lionel Osmin. Une nouvelle page s’écrit donc ici depuis quelques années, avec la conversion bio notamment, mais la qualité demeure, avec des vins ambitieux alliant toujours personnalité, identité et équilibre, des vins amples qui n’oublient pas la finesse.