Franck Chavy obtient le titre de Vigneron de l’année dans le Beaujolais

Humilité

La consécration de son travail ? L’intéressé ne s’enflamme pas. « Il faut être très humble. Le vin c’est avant tout une question de goût, de dégustation à un instant T. Il n’y a pas de vins idéaux, il y a le vin qui correspond à ce qu’on attend à un moment précis. » Certes, mais quatre coups de cœur pour des millésimes différents, dégustés par des jurys différents, ces récompenses répétées ne doivent rien au hasard. L’approche de Franck Chavy mérite que l’on s’y attarde. « J’aime bien aller au fond des choses. L’idée c’est de comprendre ce que l’on fait. À partir de bases théoriques et de ce que nos anciens nous ont légué, j’imagine pousser le curseur un peu plus loin dans la précision.

Précision

« Pour moi, un beau gamay, c’est un vin qui doit être précis au nez, frais avec beaucoup de fruit. Il doit emplir la bouche, tapisser les papilles, avec des tanins qui soulignent la rondeur et le volume. Pour en arriver là, il faut un beau terroir, des beaux raisins, une belle maturité. Beaucoup de petits détails, en fait, en partant de la vigne ». Des grappes que Franck Chavy n’hésite pas à faire macérer longuement après éraflage : une vingtaine de jours. « Au bout d’une douzaine de jours, le terroir va vraiment dominer les arômes fermentaires. Les jours suivants on va chercher des tanins susceptibles d’apporter de la rondeur. L’avantage du gamay, c’est qu’on n’obtient jamais des vins écœurants. »

Choix réfléchis

La cuvée récompensée, le morgon Les Granites Roses, est une sélection parcellaire en provenance de 2 ha au lieu-dit Corcelette. Exposées sud-sud-est, les vignes cultivées en haute densité sont âgées. Certaines sont même centenaires. « 2020 est une année extraordinaire, avec de grosses maturités. Nous avons vendangé manuellement, bien-sûr, autour du 25 août. Il fallait être bien attentif à la date de récolte », expose le vigneron. Adepte d’un élevage en barrique pour certains de ses vins, Franck Chavy opte ici pour la cuve. « L’élevage en fût est intéressant, mais on change de style. L’ADN du gamay reste la pureté et la netteté du fruit », précise-t-il.

Un vin de garde ou à boire rapidement ? « Ça dépend de ce que vous attendez. Certains aiment les vins très jeune, expressifs, d’autres préfèrent attendre dix ans avant d’ouvrir le carton parce qu’ils aiment les vins un peu plus posés. La encore il n’y a pas de règle ». Simple, claire et… précis !