Château Le Raz : Patrick Barde, élu vigneron de l'année du Guide Hachette des Vins 2022 dans le Sud-Ouest

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Le Raz, une longue histoire…
Le château, ce sont mes grands-parents qui l’ont acheté, en 1958. Nous sommes des paysans, descendants d’agriculteurs, de tonneliers. Nos 220 ha sont exploités en polyculture. Si mes parents ont abandonné les vaches laitières, mon cousin et associé Cyril cultive toujours céréales, tournesol et colza, comme mon père. Et moi, je me suis tourné vers la viticulture comme mon oncle. Tout maîtriser, de la plantation à la consommation, c’est ce qui nous passionne. Je travaille avec mon maître de chai, Régis Giron, qui a 40 ans d’expérience, et avec ma cousine Nathalie. Gaétan (le fils de Cyril) et ma fille Angeline nous ont rejoints.
Le Coup de Coeur du Guide Hachette des Vins 2022 :
Montravel Cuvée Grand Chêne Elevé en fût de chêne 2019
Montravel Cuvée les Filles 2018
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Quels types de vins proposez-vous ?
Sur nos 70 ha, 60 % sont plantés en vignes rouges, surtout sur les argilo-calcaires ; si le merlot, le cépage dominant du Bergeracois, domine (60 %), malbec et cabernets, qui mûrissent mieux qu’avant, progressent en surface. Pour les blancs, plutôt cultivés sur les boulbènes, le sauvignon (blanc pour l’essentiel) représente 70 %, complété à parité par le sémillon et la muscadelle. Les IGP Périgord, qui nous permettent d’expérimenter, atteignent 60 % des volumes, en rouge, rosé, blanc sec et moelleux. Nous produisons aussi des bergerac, montravel, côtes-de-montravel et haut- montravel (moelleux et liquoreux).
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Quels sont les facteurs de la qualité de vos vins ? Les défis ? Et la bio ?
Je suis content de notre dernier chai à deux étages qui fonctionne par gravité. Je me félicite aussi de la restructuration du domaine, planté à haute densité par mon oncle. Le réchauffement climatique, qui entraîne de belles maturités, nous favorise, si l’on excepte les gels printaniers, 2020 après 2017. J’ai pu planter du viognier. En IGP également, j’ai planté du floréal [un hybride résistant au mildiou et à l’oïdium obtenu par l’Inra, ndlr]. La bio ? Un trop grand risque économique. En outre, il faut trouver un substitut au cuivre, qui dévitalise les sols. Dans les vignes traitées à l’excès, les lombrics deviennent blancs, voire disparaissent. Avec l’agriculture raisonnée, que nous pratiquons de longue date, nous dosons les produits au minimum, grâce à une démarche précise et à du matériel adapté.
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Votre terroir confine à la Gironde, quelles sont les différences avec vos voisins du Bordelais ?
Nos terroirs donnent une place importante aux blancs, qui comportent moins de sémillon qu’en Bordelais, plus de sauvignon et de muscadelle. Pour les rouges, les terroirs argilo-calcaires prolongent ceux du Libournais. Il existe cependant des différences en termes de microclimat, et plus encore avec les vins rouges de la rive gauche de la Dordogne. Nos vins privilégient la finesse.