Domaine de la Rectorie : Thierry et Jean-Emmanuel Parcé, élus vignerons de l'année du Guide Hachette des Vins 2022 dans le Roussillon
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Le travail d’équipe, en famille, est un des points sur lequel le domaine insiste. Comment s’organise votre activité et quel est votre rôle en particulier ?
Je partage mon temps entre la vigne, la cave et la vente. Bref, j’essaie d’être un peu partout. Mon père Thierry est un pro de la vigne et de la cave aussi. Mon cousin Clément travaille avec moi en cave. Mon oncle, Pierre, s’occupe de la vente aux particuliers. Nous avons dans l’équipe Emilio qui s’occupe de la vente à l’export et qui m’aide aussi en vinification. Nous avons par ailleurs trois personnes à temps plein pour le travail de la vigne.
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Vous êtes co-gérant du domaine avec votre père. Quand avez-vous pris les commandes ?
En 2010, après un BTS en viticulture-œnologie et quelques stages. Auparavant, je me suis consacré pendant quelques années à mes activités de peintre et de sculpteur à Paris. J’avais très envie de replonger dans le monde du vin. Je « baigne » dans le domaine depuis que je suis tout petit.
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2019 a donc été votre 10e millésime. Qu’est ce qui a évolué au domaine pendant cette période ?
J’ai d’abord souhaité suivre la même direction que mon père, sans faire de révolution. Mais j’ai pu apporter certaines choses avec la création de la cuvée Barlande, une cuvée parcellaire, ou encore Col de Perdigué, une cuvée de syrah, en isolant des terroirs particuliers. L’autre évolution, c’est la conversion bio. Nous adaptons nos parcelles dans ce sens notamment pour faire passer le cheval. Cela passe aussi par une réduction de notre surface pour pouvoir tout convertir en bio. Il nous faudra encore cinq ans pour y parvenir.
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Quelle superficie visez-vous et quelle a été la superficie maximale que vous avez atteinte ?
Nous sommes montés jusqu’à 42 ha. L’objectif est d’être à 20, contre 34 aujourd’hui, pour bien maîtriser la vigne. Parallèlement, je m’occupe du domaine que j’ai créé en 2017 à Aniane, La Chapelle Saint-Mathieu, en bio.
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Quelles sont les caractéristiques de cette cuvée de collioure blanc L’Argile 2019 ? Et d’où vient son nom ?
Cette cuvée a été créée en 1993. Mon père a été l’un des précurseurs des collioure blancs secs. Il aime beaucoup les blancs bourguignons. Il s’est rendu compte qu’il y avait ici de bons terroirs à blancs de garde, notamment avec les grenaches gris, qui apportent de la tension. Nous récoltons mi-août et vinifions en barrique de 225 et 400 litres avec très peu de bois neuf. Nous procédons à des élevages sur lies. La cuvée est mise en bouteille au mois d’avril. À l’origine, elle provenait d’une seule parcelle au lieu-dit L’Argile, où il y avait pas mal d’argile. Aujourd’hui, d’autres parcelles entrent dans l’assemblage, avec une dominante de schiste. Les vignes sont âgées de 90 à 140 ans.
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Quand et avec quels types de plats conseillez-vous de déguster ce vin ?
C’est une cuvée qui se garde bien 10 ou 15 ans. Elle a tendance à « pétroler » après quelques années comme de vieux riesling. 2019 est un millésime qui, je pense, va bien se garder. Il a une belle fraîcheur, de la tension. Je le conseille avec un fromage affiné, comté, saint-nectaire ou avec un poisson en sauce.