Domaine Yannick Amirault : Yannick et Benoît Amirault sont élus vignerons de l'année du Guide Hachette 2021 dans la Vallée de la Loire
À quatre mains et avec le calendrier lunaire
Lorsque Benoît Amirault rejoint son père Yannick en 2003, après avoir enchaîné stages, voyages, et connaissances théoriques, c’est « pour vouloir faire, chez moi, le vin dont j’ai l’idée », affirme-t-il avec fermeté. Mais en précisant toutefois « qu’ici les décisions se prennent à deux : 40 ans d’expérience paternelle, ça compte ! » Yannick Amirault, conflit générationnel et philosophique oblige face aux excès de l’agriculture et des produits de synthèse, n’a pas repris la suite de son père comme convenu ; il a créé son propre domaine en 1977 à partir des vignes de son grand-père Eugène. Et, avant même la reconnaissance officielle en bio (2009), « il a toujours travaillé avec le calendrier lunaire, gardant néanmoins ses distances avec certains aspects ésotériques de la biodynamie », précise son fils. Son intime connaissance de chaque parcelle de ce domaine très morcelé demeure précieuse.
Le Coup de Coeur du Guide Hachette des Vins 2021 :
- Le domaine Yannick Amirault - Le Grand Clos 2018
Exhausser le génie du breton
« Le génie d’un vin est dans le cépage », écrivait déjà Olivier de Serres dans son Théâtre d’agriculture et mesnage des champs (1600). Cet énoncé trouve un bel écho au domaine Amirault, là où, plus que la voix du terroir, l’on cherche à exhausser les multiples caractères du cabernet-franc – alias le « breton » qui « poinst ne croist en Bretaigne » notait Rabelais. On déploie ici la même énergie pour chaque parcelle, sachant que cet entêté de cabernet-franc traduit dans ses jus « les caractéristiques du millésime, bien plus que celles du terroir ». Avec humilité, Benoît Amirault précise que « ça ne va pas toujours comme on voudrait ; et le Guide, écho impartial de nos vins, est en ce sens très formateur car il permet de nous situer. »
Pas de « sur »
Dans les bourgueil et saint-nicolas signés Amirault, pas de flamboyances excessives gavées de « sur » : sur-maturité, sur-extraction... « C’est ce qu’on cherchait naguère », répond Benoît. Ici, on recherche la nature du cabernet, parfois un peu sauvage, mais arrondie par la futaille et, depuis 2014, par des amphores ou des jarres en grès, à l’image du Grand Clos 2018. Un vin diablement pulpeux et fruité, intense et frais, né sur l’un des terroirs les plus emblématiques de Bourgueil.