Diane Losfelt (Château de L’Engarran) , élu vigneron de l'année du Guide Hachette 2021 du Languedoc
D’émérites personnages
En 1924, dans un décor rocailleux où la vigne s’adosse à un fragrant univers de garrigue, Florian Bertrand, vigneron à Pignan, fit classer monument historique l’élégante « folie » établie sur les terres de ce château fondé en 1632 par Henri d’Engarran. L’ancêtre des actuelles propriétaires prenait ainsi le relais d’émérites personnages à la tête de ce domaine devenu aujourd’hui une valeur sûre de l’appellation languedoc : Jean Vassal (1722), conseiller à la Cour des Aides de Montpellier, Laurent Quetton Saint Georges (1816), brillant négociant qui exporta ses vins jusqu’au Canada, et Henri Mares, un savant qui découvrit l’action du soufre sur l’oïdium.
Prendre le passé pour racine et le terroir pour avenir
Avec Marguerite Grill à partir de 1935, Francine Grill et la première mise en bouteille en 1978, et aujourd’hui les sœurs Diane Losfelt et Constance Rerolle, ce sont 3 générations de femmes-vigneronnes qui vont s’enthousiasmer pour L’Engarran, créant des gammes de vins nées d’une œnologie de bon sens, fondées sur la connaissance scientifique et sur d’innombrables contacts avec l’environnement. « Je connaissais cet édifiant passé lorsqu’en 1984, je pris les rênes de l’exploitation », confie Diane Losfelt, laquelle s’attache à valoriser ce terroir « ancien et reconnu » des Grès de Montpellier, où la vigne échappe au stress hydrique. « J’ai désiré en faire la signature "terroiriste’ de L’Engarran".
Le Coup de Coeur du Guide Hachette des Vins 2021 :
- Château De L'engarran Languedoc Grès de Montpellier 2017
Le langage des fleurs et des choses muettes
Forte d’acquis scientifiques – elle est ingénieur-agronome –, Diane Losfelt emprunte une voie unissant le cœur et la raison. Démarche forte où chaque vin offrira sa propre authenticité. « Réussir un vin, c’est de l’assiduité, de la maîtrise technique et du sentiment. Beaucoup ! » Une approche nourrie d’impressions olfactives – « le nez, c’est capital », précise-t-elle – et tactiles : « comme par exemple découvrir un caillou que je vais humer, respirer et dont la manipulation révélera mon futur "coussin de vendange", qui représente l’année sur chaque niveau, IGP ou AOC ». Chaque vin dévoile ainsi à sa manière « le langage des fleurs et des choses muettes ». La sixième génération est en place. Nouvel objectif : participer à la naissance de Saint-Georges d’Orques en appellation. Une voie ouverte aux grandes espérances...