Chantal, Jean-Pierre et Antoine Chevallier-Bernard (Domaine Chevallier-Bernard), élus vignerons de l'année du Guide Hachette 2021 en Savoie
Quelle est la place de la jacquère parmi vos autres vins blancs ?
Chantal Chevallier : « On a d’abord été surpris d’être distingué en jacquère, mais on est très content. On l’a élaborée dans la plus pure tradition, sans malolactique, afin de garder le perlant et la fraîcheur qui la caractérisent. C’est un vin « de soif », et ce n’est pas péjoratif ! Il titre seulement 11° comme les vins que faisait mon père Francis ; son faible taux alcoolique est aujourd’hui recherché. Notre Jongieux blanc est très léger, à l’inverse de nos roussettes. »
Les Coups de Coeur du Guide Hachette des Vins 2021 :
- Chevallier-Bernard Jongieux Jacquère 2019 - Savoie
- Chevallier-Bernard Marestel 2018 - Roussette-de-savoie
Un coup de cœur aussi pour votre roussette : comment faites-vous pour parvenir à ce niveau d’excellence ?
Chantal Chevallier : « Rien d’extraordinaire, mais une somme de petits détails ! On effeuille toutes nos vignes, on ébourgeonne, on vendange en vert, on récolte à la main et on trie beaucoup. On a la chance d’avoir de très vieilles vignes dans un des plus beaux terroirs de Savoie. C’est le terroir qui fait tout. On reconnaît une roussette de Marestel à ses notes de raisin confit et à ses arômes de miel. Ce sont les moraines glaciaires reposant sur des roches calcaires friables qui lui donnent ce goût. »
Votre certification HVE est-elle une étape vers le bio ?
Chantal Chevallier : « Pas nécessairement. Vous pouvez être en bio et vos vignes peuvent ressembler à un désert. Pour nous, ce qui compte, ce sont des sols vivants, non désherbés et pleins d’azote, qui donnent des vins francs de goût. Je ne supporte pas les vins qui « puent ». Ils me font penser aux vins de mon grand-père qui sentaient le fumier. Je suis allée à l’école pour apprendre à faire de bons vins sans faux goût ni verdeur. Quand on me dit que ma mondeuse ne râpe pas assez, je le prends pour un compliment. On fait tout pour obtenir des vins fins et fruités. Sur nos gamays, nous procédons comme dans le Beaujolais à une macération semi-carbonique qui fait ressortir le fruit rouge. »
Des projets ?
Chantal Chevallier : « Surtout ne pas nous agrandir. Mais chercher à améliorer encore nos vins. Je ne suis jamais satisfaite de ce que je fais, je me pose toujours mille questions. Dans les salons, je goûte les vins de mes voisins et je les interroge. L’avenir, c’est Antoine. Nous formons un trinôme. Il nous aide à nous départager. Jean-Pierre me reproche d’être une maniaque du tri et me fait remarquer qu’on n’est pas à Petrus. En tout cas, depuis qu’Antoine est avec nous, nous avons obtenu 3 coups de cœur. Ce n’est pas un hasard... »