Philippe Viallet, élu vigneron de l'année du Guide Hachette 2019, Domaine G. et G. Bouvet (Savoie)

85 hectares de vignes en Savoie, 3,3 millions de bouteilles commercialisées, 12,5 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 12 % à l'export : Philippe Viallet jongle avec les chiffres tout en alignant avec fierté les domaines viticoles qu'il a repris et remis en état. On pourrait croire que seule compte l'ascension économique de ce flamboyant chef d'entreprise, négociant-propriétaire qui rachète tout ce qui se présente à lui, pourvu que les vignes soient ancrées dans les plus beaux terroirs de Savoie, Chignin, Apremont, Arbin... Dernière acquisition, le domaine réputé des Rocailles à Apremont, datant de 1924.

Or, derrière l'homme d'affaires rompu aux pratiques commerciales et aux échanges internationaux, se cache un vigneron certifié Agriconfiance qui ne parle que d'environnement et de bio. Il se souvient de son enfance dans les vignes paternelles d'Apremont, le Clos Réservé, 7 ha, repris avec son frère Pierre en 1984, à dix-neuf ans, après l’accident de Marcel, le père. L'ancien élève du lycée viticole de Beaune veut faire découvrir  les joyaux de sa région. « Je n'en pouvais plus de cette mauvaise image des vins de Savoie, juste bons à accompagner la raclette et la fondu. Je voulais montrer que nous avons de très bons vins de gastronomie, originaux, accessibles et faiblement alcoolisés. Ils ont tout pour plaire au consommateur d'aujourd'hui, les Asiatiques et les Américains en sont fous », soutient-il.

Entre autres raretés, les deux coups de cœur du Guide hachette : la roussette-de-savoie née sur le tout petit terroir de Monterminod et du Dom. G. & G. Bouvet  - un vaste domaine de 36_ha sur une soixantaine de parcelles, établi sur les versants sud du massif des Bauges, acquis en 2017 - et le Chignin Bergeron. De toutes les roussannes, vendangées à la parcelle et vinifiées séparément (jusqu'à douze cuvées différentes), la Bergeronnelle est sa préférée. Ce Chignin Bergeron 2016 provient du Dom. des Fils de René Quénard que Philippe Viallet a racheté en 2008 avec Claire Taittinger, des champagnes éponymes. Seul propriétaire depuis 2014, il a redonné son cachet d'antan à ce vignoble de 18 ha, avec la bouteille et l'étiquette d'origine à la belle oiselle en effigie. Une cuvée de haut vol pour un vin blanc sec, rond et fruité qui respire le terroir de Chignin. On vous avait dit que Philippe Viallet était aussi un homme de tradition…