Alexandre et Vincent Bordenave, élus vignerons de l'année du Guide Hachette 2018, château Haut-Canteloup & château Les Pierrères (Bordelais)
Vignoble « de clairière », la propriété de la famille Bordenave paraît se lover au sein d’une nature enrichie de pins maritimes, de chênes pédonculés et de tentatrices étendues maraîchères. Evanoui l’espace maritime de l’estuaire sur lequel veillent, impassibles, les fortifications de Vauban ? « L’autre pays » – entendez le somptueux Médoc – « attire le touriste ; nous ne nous en plaignons pas », souligne Alexandre Bordenave, en charge des opérations du chai. « Une bonne partie de nos clients – les deux tiers environ – vient se servir ici ». En profitent-ils, au passage, pour s’approvisionner en vins blancs du domaine qui se goûtent si bien avec les fameuses asperges du Blayais ? C’est probable.
Cette fidèle clientèle de proximité, « une forte ambassadrice », fut attirée par les multiples coups de cœur du Guide . « Notre notoriété lui doit beaucoup. Nos clients de l’étranger l’apprécient également. Je garde un souvenir ému de notre premier coup de cœur, la Cuvée Prestige 2004 de Haut-Canteloup ». De sa formation à Pessac-Léognan et au lycée viticole de Montagne Saint-Emilion, Alexandre Bordenave a gardé le meilleur. « Je suis né et j’ai grandi dans la vigne et le chai, tout comme mon frère Vincent qui s’évertue à bichonner nos ceps et nos terroirs. Sans lui, Haut Canteloup et les Pierrères n’en seraient pas là ».
Il s’épanche davantage pour donner du relief à l’aventure de toute une famille, mettant en exergue la figure tutélaire de sa grand-mère, une femme « de tête et d’action » qui, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, reprit deux parcelles de vignes et se lança dans une grande aventure viticole. « Notre haut de gamme, Les Pierrères (1,5 ha), est un clin d’œil au premier nom de la propriété, et à celle qui lui a donné le jour ».
Pour l’heure, la famille et tout le personnel du domaine s’attachent à valoriser les îlots argilo-calcaires ou sablo-graveleux travaillés en lutte raisonnée. La passion n’exclut pas la rigueur. « Les traitements ? Uniquement si cela s’avère opportun. Nous ne voulons ni stimuler artificiellement nos ceps ni martyriser nos sols qui ne reçoivent que des composts naturels ». L’agriculture biologique ? « Nous l’avons évoquée. Sommes-nous prêts pour cette option ? Cinquante-et-un hectares ne se gèrent pas si facilement...» Gageons que les cabernets, merlot et autre malbec donneront encore longtemps naissance à des vins qui se sont ouvert la voie de l’excellence.
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