André Genoux, élu vigneron de l'année du Guide Hachette 2018, Château de Mérande (Savoie)

À votre énorme travail au chai et à la vigne, vous ajoutez le rôle de "communicant attitré" du Ch. de Mérande. Qu'est-ce qui a poussé l'ancien professeur à s'investir dans cette aventure vigneronne ?

La passion. Fils et petit-fils de paysan, comme mon frère Daniel, infirmier, j’ai toujours eu les pieds dans la vigne. Sans formation viticole spécifique, nous avons appris sur le tas. Hors cadre familial, Yann Pernuit, titulaire, lui, d’un BTS « viti-œno », s’est adjoint à notre EARL.

Bonne pioche ! On ne présente plus Yann Pernuit...

Je confirme. Depuis 2008, ses connaissances et sa rigueur ont boosté la qualité de nos vins, qu’il s’agisse de notre emblématique mondeuse - elle ne supporte ni médiocrité ni rendements excessifs - ou de nos jacquères, altesses et roussannes réparties sur des parcelles hors de l’espace Arbin.

Est-ce à dire que les vins du domaine ont quitté la cohorte des vins de Savoie qui s’éclusaient au bas des pistes ou lors de soirées-raclettes ?

Je serais plus nuancé. Mérande a un passé historique. Les bâtiments qui abritent nos chais datent du XIII^e s. En termes d’image, Arbin a toujours été regardé comme le must du vignoble savoyard. Nous n’avons donc pas eu de problèmes pour attraper au vol l’ascenseur qualitatif. Il suffisait de s’imposer d’ambitieux objectifs que d’aucuns jugeaient utopiques.

En faisant le choix de la biodynamie ?

Nous avons osé cette aventure, persuadés qu’à terme la chimie est condamnée. Autant sur le plan philosophique que sur les conduites qu’elle engendre. Certes, travailler en bio et en biodynamie suscite des inquiétudes nouvelles, mais l’état des vignes observées en Val de Loire ou en Alsace nous avait séduits. Aujourd’hui, les dégustations le confirment : nos vins ont gagné en profondeur.

Aucun regret donc ?

Aucun. Nous sommes devenus de précautionneux piétons viticoles, en contact permanent avec la vigne que nous ne cessons de dorloter. Chaque parcelle est suivie selon les instructions d’un calendrier biodynamique.

Le coup de cœur du Guide ?

Au delà des instants de bonheur qu’il dispense, c’est une reconnaissance ouverte sur de stimulantes perspectives. Pour nous, pour nos clients fidèles et pour l’avenir du bio en général. Ce n’est pas rien.