Vincent et Jérôme Couture, élus vignerons de l'année du Guide Hachette 2018, Château Eugénie (Sud-Ouest)

Cahors is back. Plus personne ne toise son Black Wine, jadis vin médecin de bordeaux pâlichons. A Luzech, le Lot, qui enserre la cité dans un cingle fastueux, jette un coup d’œil satisfait sur ses coteaux revêtus de vignes. Plus loin, à une portée d’arquebuse, Albas, tout requinqué, entretient le souvenir de tonneliers qui, vers 1860, s’établirent à Buenos Aires. Ici, pas question de faire l’impasse sur le Ch. Eugénie, où Vincent Couture, fils de Jean, épaulé par son cousin Jérôme, fils de Claude et revenu d’Australie nanti d’un moderne bagage de vinificateur, a projeté sur le devant de la scène la cuvée Haute Collection issue de petits rendements.

Du 100 % malbec enraciné sur les abrupts caillouteux des troisièmes terrasses ! « C’est plus qu’un haut de gamme ! », martèlent à l’unisson les deux cousins. « Cette cuvée, nous l’avons voulue quintessence de nos cahors. Elle renvoie aux efforts de tous ceux de notre famille qui s’investirent pour que vive l’appellation. En ces lieux-mêmes, à Eugénie ». Eugénie, c’est « le prénom de l’arrière-arrière grand-mère », précise Jérôme qui insistera sur l’épanouissement progressif du domaine : 40 ha en AOP et 10 en IGP, générant un vaste panel de fringants vins de pays et de friands cahors.

Clins d’oeil à l’histoire : la Réserve de l’aïeul (celle qui a obtenu le coup de cœur dans l’édition 2018 du Guide), la Cuvée des Tsars... « Cette diversité témoigne de la vitalité de terroirs morcelés. De ferrugineux sables rouges où naissent nos IGP ou des argilo-calcaires si favorables à l’harmonie des malbec, tannat et merlot ». Cultiver l’art de la différence, c’est assumer mille et un travaux fondateurs de « souples créativités » renchérit Vincent Couture.

Peu de domaines peuvent s’enorgueillir de coups de cœur sur des millésimes aussi dissemblables que 2013, 2014 et 2015. « Ces récompenses nous comblent, nous rassurent. Elles vont au-delà d’une satisfaction légitime. Elles touchent notre clientèle. Répétons-le, elles résultent d’un travail collectif ; le nôtre, celui du personnel ». Un temps s’écoule, avant qu’il n’ajoute : « Tout seul, on ne ferait pas grand chose ». Au final, ce sont, bon an mal an, 250 000 flacons. La moitié ira chez les particuliers. Un quart de la production partira à l’export. Restaurateurs et cavistes absorberont le reste. Eugénie, c’est bel et bien l’élégance recherchée dès lors qu’il est question de haute... Couture.