Didier Regnaudot, élu vigneron de l'année du Guide Hachette 2018, Maison Jean-Claude Regnaudot et Fils (Bourgogne)

« Quand on lit les articles il paraît que c’est à 40 ans qu’un vigneron atteint la maturité. C’est peut-être cela », lâche Didier Regnaudot, comme pour se justifier sa spectaculaire réussite lors des dégustations du Guide. Il avance aussi une autre explication, à ses yeux davantage probante : « J’ai vendangé 3 ou 4 jours après les autres », se souvient-il. Quelques journées en plus qui ont pu faire une différence notable au cours d’une année où le soleil sera resté omniprésent jusqu’aux derniers jours de récolte.

Ces récompenses viennent aussi mettre en valeur une appellation méconnue de la Côte de Beaune. Organisée autour de trois villages, Dezize, Cheilly et Champigny, l’appellation maranges ferme la marche au sud de la côte beaunoise. On quitte les terroirs du Jurassique pour voir apparaître les marnes du Lias. Riches en argiles, ces terres profondes, parfois froides, donnent naissance à des vins puissants, empreints d’un caractère légèrement rustique en fin de bouche (d’où l’importance de savoir attendre avant de récolter quand l’année le permet). Cet effet de terroir est en partie gommé par l’exposition des vignes, souvent orientées plein sud. Si les vins des maranges sont séveux et vigoureux, les vinifications raisonnées et peu interventionnistes menées par Didier Regnaudot leur assurent de l’harmonie.

Exemple particulièrement éloquent avec les Clos Roussot, un terroir de mi-coteau aux argiles profondes donnant des vins naturellement tanniques. Didier Regnaudot ne pratique plus de pigeage pendant les vinifications. Les élevages en fût de douze mois (neufs de 30 à 40 %), finalisés par trois mois en cuves, participent également à patiner les tanins. Les mises en bouteille s’opèrent sans filtration ni collage. Bref, l’âge du capitaine n’explique pas tout...