Matthieu Cuvelier, élu vigneron de l'année 2017, Bordelais / Saint-émilion, Clos Fourtet
« On ne cherche pas à produire des vins démonstratifs, mais des vins que l’on a envie de boire. »
Quelle est la spécificité du vignoble du Clos Fourtet ?
M.C. On est situé sur le point culminant du plateau de Saint-Emilion, côté ouest. Ici, le socle calcaire est presque affleurant, avec une épaisseur de sols entre 40 cm et 1 m maximum. Ce sont donc des sols fins et pauvres, contraignants pour la vigne mais pas trop, car le calcaire joue aussi un rôle de régulateur hydrique qui fonctionne à la manière d’une éponge, capable de drainer l’eau en période humide, et de la remonter par capillarité en période de sécheresse et de stress hydrique.
Le Guide Hachette des Vins a attribué 3 étoiles et un coup de coeur aux vins de Matthieu Cuvelier. Découvrez les vins du Clos Fourtet.
Quel type de viticulture avez-vous adopté ?
M.C. Le but n’est pas la certification, et on souhaite conserver un peu de marge de manœuvre, mais cela fait six ans que l’on travaille en viticulture d’inspiration biologique avec notre directeur technique, Tony Ballu, et le double concours de Stéphane Derenoncourt et de Jean-Claude Berrouet, deux consultants très complémentaires, qui nous apportent un point de vue précieux. On peut dire que le vignoble est travaillé à 95% en bio, et qu’un tiers du vignoble est en biodynamie. C’est une expérimentation en cours, on juge sur pièces, sans dogmatisme. Il est toujours difficile de dresser un bilan sans protocole, mais visuellement, quand on va dans le vignoble, la vigne est plus belle, en bonne santé, et la fréquence des maladies semble s’être atténuée.
On loue souvent souvent la délicatesse et l’élégance des vins du Clos Fourtet. C’est un choix délibéré ?
M.C. C’est d’abord le reflet de notre terroir calcaire qui naturellement donne des vins plutôt délicats, crayeux et minéraux. Et c’est aussi par goût. On ne cherche pas à produire des vins show off, démonstratifs, mais des vins que l’on a personnellement envie de boire, digestes et délicats.. La rondeur du merlot est toujours flatteuse dans les vins jeunes, mais ce sont aussi des vins structurés qui vieillissent bien. En cave, on travaille avec de petits contenants et on privilégie les pigeages qui permettent d’extraire avec précision chaque lot. Côté bois, on a aussi évolué, en baissant la proportion de bois neuf à 65%.