Jean-Christophe Mau, élu vigneron de l'année 2017, Bordelais / Pessac-léognan, Château Brown
« Je me laisse beaucoup de latitude dans les assemblages qui sont ajustés chaque année en fonction du millésime. »
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« La gestion et la comptabilité, j’en ai fait quelques années, mais ce n’était pas fait pour moi. Gérer un domaine, faire des vins, oui, ça c’est ma passion. » Jean-Christophe Mau avait 33 ans quand il a pris en charge le château Brown. Auparavant, il avait fait ses armes dans la maison de négoce familiale Yvon Mau - l'une des plus importantes de la place de Bordeaux, fondée en 1897, intégrée en 2001 au géant catalan de la bulle Freixenet - et au château Preuillac, dans le Médoc. Il a toujours un pied dans l’un et l’autre, mais c’est bien à Léognan qu’il passe l’essentiel de son temps. Brown est une jolie chartreuse, en bordure de forêts, établie sur un domaine de plus de 60 ha, dont 30 plantés en vignes. L’ancienne propriété au XIXe s. d’un marchand de biens écossais, John Lewis Brown. « On a cherché longtemps », se souvient Jean-Christophe. « On voulait un domaine en bon état, d’un seul tenant, et c’est un peu le hasard qui nous a amenés ici ». Celui-ci faisant bien les choses, le Château Brown est devenu l’une des très belles adresses de l’appellation.
Le Guide Hachette des Vins a attribué 2 étoiles et un coup de coeur aux vins de Jean-Christophe Mau !
« Un bon vin, c’est une foule de détails »
Si Jean-Christophe Mau a maintenu l’équipe en place, il a progressivement mis sa patte sur les pratiques, au vignoble et au chai. « Ça n’a pas été une révolution mais des petits pas, des ajustements progressifs. Un bon vin, c’est une foule de détails » : taille précise, enherbement, travail des sols, élimination des insecticides et herbicides, contrôle des rendements, meilleure maturité des raisins, travail pointu sur le choix des barriques, élevages sur lies pour limiter les apports en soufre… Les choix toujours mûris par l’expérience ont rapidement porté leur fruit, et la critique n’est pas restée insensible au charme des vins du château, qui mettent en valeur la pureté du fruit, l’équilibre et la fraîcheur.
Haute précision
Sur les quelque 30 ha de vignes, 26 sont dédiés aux cépages rouges. Et si le château doit ses premiers succès à ses vins rouges, les blancs (5 ha), vinifiés et élevés en fût, sont au diapason. « Le travail est différent. Dans la vigne, c’est moins exigeant, mais il faut jouer les équilibristes, trouver la bonne maturité, conserver la fraîcheur tout en soignant la maturité des arômes. En cave, il faut être précis, chirurgical. ». Ainsi, on ne récolte pas au même moment les hauts et les bas d’une même parcelle. « Je me laisse beaucoup de latitude dans les assemblages qui sont ajustés chaque année en fonction du millésime », même si le sauvignon domine et imprime sa trâme fraîche et fruitée aux cuvées. Depuis le millésime 2008, il avoue avoir trouvé son style avec des vins qui ont gagné en volume et en structure. Des vins qui ont trouvé leur public. Les dégustateurs du Guide Hachette les ont élus trois fois de suite coups de cœur, sur les millésimes 2012, 2013 et 2014 (sans oublier le 2005).