La Cité du vin à Bordeaux, le mariage du vin et du numérique
Le projet : une longue maturation
Dans les deux dernières décennies du XXe siècle l’idée chemine de créer un grand centre culturel du vin sur les bords de la Garonne. Un projet que légitiment l’engouement pour le vin à l’époque et la place de capitale mondiale qu’occupe Bordeaux en la matière. Un leadership que personne ne conteste comme le prouve le succès du salon Vinexpo, créé en 1981 et celui de Bordeaux fête le vin, dont la dixième édition se tiendra sur les quais du 23 au 26 juin prochains.
Toutefois, si l’idée séduit, il faut attendre 2008 pour qu’elle prenne corps, quand le maire de Bordeaux, Alain Juppé, décide de créer la « cité des Civilisations du Vin », devenue Cité du Vin. Confié à Sylvie Cazes, alors conseillère municipale - et soeur de Jean-Michel Cazes, propriétaire du Château Lynch-Bages, le dossier va demander huit ans de gestation et de réalisation. L’occasion de compléter les grandes opérations urbanistiques sur les bord de la Garonne et les anciennes zones portuaires, qui avaient déjà valu à Bordeaux et ses quais d’être inscrits en 2007 au Patrimoine mondial de l’Unesco. Après le classique, place au contemporain.
Le « Guggenheim du vin » ?
Parfois comparée au musée de Guggenheim de Bilbao, la cité doit être un pôle de développement touristique pour la ville et le vignoble. Le bâtiment conçu par l’agence parisienne X-TU est tout sauf banal. Sur la base du cahier des charges de la mairie (une base surmontée d’une tour) ce cabinet d’architectes imagine un bâtiment tout en courbes. Haut de huit étages, il s’inspire d’une carafe à décanter mais laisse le promeneur libre d’imaginer d’autres objets, qui peuvent varier selon l’angle de vue, d’un cep de vigne à … une chaussure.
A l’intérieur, trois types de locaux : des bureaux, qui occupent quatre étages dans la tour, des espaces commerciaux libres d’accès s’offrent aux visiteurs (cave à vins, restaurant, snack, guichet de l’office de tourisme de Bodeaux métropole etc.) ainsi qu’un salon de lecture et un petit audotorium de 300 places (au 1er étage). Le cœur de la Cité du vin est constitué par l’espace muséographique.
Le numérique au service de la découverte
Le cœur de la Cité du Vin un parcours permanent de 3 000 m² situé au second étage de la base. Accessible après avoir acheté un ticket d’entrée (20 € pour un adulte, 10€ pour un jeune de moins de 18 ans et 8€ pour un enfant de moins 12 ans) cet espace propose un parcours libre autour de 19 thèmes :
- Le tour du monde des vignobles, avec leurs paysages spécifiques ;
- Planètes vins, montrant par des globes interactifs et ludiques l‘extension de la vigne dans le monde ;
- La table des terroirs, une tablette géante avec des illustrations de terroirs et des témoignages de viticulteurs ;
- l’e-vigne, consacré à la viticullture ;
- Les métamorphoses du vin, sur la vinification ;
- Portraits de vins, en six bouteilles présentant chacune une famille de vins ;
- Les vins au fil de l’eau, montrant les routes fluviales et maritimes du commerce du vin ;
- A bord, une traversée virtuelle ;
- La galerie des civilisations, l’archéologie et l’histoire du vin ;
- le mur des tendances, des chais aux étiquettes, le design et le vin ;
- Le buffet des cinq sens, une intiation à la dégustation ;
- Le banquet des hommes illustres, de Voltaire à Churchill, des amateurs célèbres parlent de leur amour pour le vin ;
- Bacchus et Vénus, l’érotisme du vin dans l’art ;
- le vin divin, les relations entre le vin et la religion ;
- boire et déboires, l’ivresse et l’alcoolisme ;
- Tout un art de vivre, l’art de servir le vin et la convivialité qu’il engendre ;
- Tête à tête avec les experts;
- Bordeaux, une ville, un vignoble, les relations entre la ville et sa viticulture ;
- la grande saga de Bordeaux, un film sur l’histoire du port et du vignoble
Si tous ces sujets n’ont rien de bien original, leur traitement, en revanche l’est, avec un appel aux techniques numériques les plus avancées, notamment grâce à un système d’audioguidage qui se présente sous la forme d’un casque audio captant les sons des écrans que regarde le visiteur tout en permettant de dialoguer avec ses voisins.
Bel outil qui a coûté 81 millions d’euros, la cité doit maintenant séduire les visiteurs et le monde du vin de Bordeaux.