Le rosé à table : du pique-nique à la gastronomie
Le rosé, pour éviter les loupés
Pour commencer, le rosé est un vin accessible – à tous les sens du terme –, que l’on consomme sans chichis. Il est le vin initiatique par excellence, et permet aux non connaisseurs d’aborder, sans complexes, l’univers de la dégustation et des accords mets et vins. De plus, l’essentiel des rosés est proposé à des prix très abordables. Les plus chers, en provenance d’appellations confidentielles ou de domaines célèbres, n’excèdent que très rarement les 20 €, et la majorité des cuvées est proposée à moins de 8 €.
Avec les rosés, peu de réelles dissonances : si l’accord n’est pas parfaitement harmonieux, le vin soulignera toujours avec gourmandise les qualités du plats. En revanche, vous regretteriez amèrement d’avoir bu trop jeune votre cru classé de Pauillac, d’avoir confronté la texture veloutée de votre pomerol au caractère affirmé d’un camembert à point, et d’avoir déstructuré votre champagne extra-brut millésimé sur le sucre de la bûche de Noël !
Les ennemis du rosé
Au nombre de ceux-ci, les viandes de bœuf rôties ou en sauce, le gibier en civet, la roborative cuisine d’hiver qui offensent leur fraîcheur et leur délicatesse. Et la crème fraîche, faite pour épouser cidre ou vin blanc. Avec de nombreux fromages (pâtes pressées cuites comme le comté, croûtes lavées comme le munster, croûte fleuries comme le brie), on peut trouver de meilleurs partenaires. On évitera aussi les desserts très sucrés, avec les rosés secs (mais il en existe des demi-secs).
Le rosé, roi de l’apéro…
Sa vivacité et sa légèreté font du rosé un vin idéal pour l’apéritif et pour les buffets en plein air. Sec, il s’accommode de la plupart des amuse-gueule qui mettent aussi en valeur les blancs secs (fromages frais à la ciboulette, petits légumes, taboulé à la menthe, salades composées, tomates au basilic ou à l’estragon…), tout en s’entendant avec d’autres préparations. Demi-sec ou moelleux, il sera parfait avec les fruits frais, en brochette ou en salade.
Les rosés les plus légers, comme ceux que l’on trouve dans la vallée de la Loire (rosé-d’anjou, rosé-de-loire souvent bâtis autour du grolleau, sancerre rosés) prendront ici toute leur place, mais toutes les régions ont aussi d’élégantes cuvées à offrir.
Le rosé sait se tenir à table
À moins qu’il ne s’agisse de repas d’été faits de salades composées et autres mets légers, on se tournera vers les rosés dits gastronomiques, riches et corsés. On ne rejettera pas la Provence sous prétexte que ses vins sont pâles : la plupart des appellations de ce vignoble ne manquent pas d’étoffe, bandol en tête. On pourra aussi s’orienter vers des vins amples et solaires, tels qu’on les trouve dans la vallée du Rhône (tavel par exemple), vers les rosés de saignée et les clairets du Bordelais, souvent un rien tanniques. On peut également déboucher des rosés colorés du Sud-Ouest, comme le fronton ou l’IGP côtes-du-lot, souvent élaborés à base de malbec.
Tous ces vins n’appellent pas seulement les pizzas. S’ils sont excellents avec la ratatouille et les recettes à base de légumes d’été, ils font bon ménage aussi avec les volailles et les viandes blanches froides, grillées, panées ou encore aux fruits. Avec le canard ? L’accord n’est pas idéal s’il est accompagné de cèpes, mais avec des fruits comme la cerise ou la pêche, il devrait séduire. Avec l’agneau ? Petites côtelettes grillées, brochettes… le rosé sera parfait. Il s’accorde à merveille également avec les cuisines exotiques, chinoises, indiennes, thaï et orientales. Cela explique qu’il ne soit plus seulement un vin d’été.