Les rosés corses : entre douceur… et caractère
La Corse, versant rosé
Avec ses bords de mer somptueux, ses estivants, sa gastronomie affirmée et ses 2 880 heures de soleil par an, la Corse ne pouvait échapper à la vague rose. L’île y consacre plus de 55% de ses vins. Du Cap Corse à Figari, elle offre toute la variété de styles qu’autorise sa mosaïque d’altitudes, de sols, d’expositions, de microclimats ou de cépages, véritable marquetterie viticole.
Le secret de la Corse ? Le mariage du sel et de la pierre, de la mer et de la montagne, des littoraux et de l’altitude. De ces oppositions naît le caractère corse, qui ne se dilue pas dans le rosé, bien au contraire.
En matière de robe, les rosés corses évoquent souvent ceux de Provence : des teintes pâles, d’un rose translucide. Mais la parenté s’arrête là. Le grenache, qui peut intervenir dans les assemblages comme d’autres variétés continentales, cède la place aux cépages locaux avec, en vedette, le niellucciu et le sciaccarellu, les variétés les plus plantées au sein des AOC de l’île. Vinifiés en rosés et issus de macérations courtes (ou de pressurage direct), ils forgent la personnalité des rosés corses : robe claire, arômes fringants, fruités (bonbon, groseille, framboise, agrumes, pêche) et floraux, avec parfois des nuances légères de plantes aromatiques, d’épices ou d’iode.
En bouche, les bons rosés corses offrent ce compromis entre rondeur du fruit et acidité croquante qui fera mouche dès l’apéritif et accompagnera avec bonheur les spécialités locales. La rondeur naturelle du sciaccarellu peut aussi s’exprimer à travers des rosés plus vineux, issus de macérations plus longues : charnues, épicées, légèrement tanniques, ces versions hautes en couleur et en saveurs sont de grands vins de gastronomie.
Les rosés corses à table
La vivacité de beaucoup de rosés corses en fait d’excellents partenaires avec les mets salés et iodés : charcuteries sèches dont regorge l’île, fruits de mer, oursins, poissons grillés, et aussi les fromages frais de brebis et de chèvre. Les patrimonio, nerveux et intenses, comme d’autres rosés à dominante de niellucciu, sont tout indiqués pour ce type d’accord. Les belles cuvées à base de sciaccarellu, que l’on peut trouver à Calvi, Sartène ou Figari, par exemple, possèdent la suavité que réclament les textures plus consistantes : poissons à chair rouge, légumes grillés ou charcuteries plus grasses (coppa).
Quant aux versions les plus charnues et colorées, elles tiendront en respect les viandes (agneau grillé, cochon) et autres figatelli.
Sébastien Durand-Viel
Crédit photo : Claude Cruells