Benoit Droin nous donne le secret de la réussite de ses chablis

GHV : Quelle est votre définition d’un grand vin de Chablis ?

BD : C’est d’abord la minéralité bien sûr. On l’obtient par le travail de la vigne mais aussi en ne poussant pas la maturité du chardonnay trop loin. Un grand chablis est un vin issu de raisins vendangés à la bonne date pour exprimer au mieux la minéralité de son terroir. Un vin avec une belle concentration également.

GHV : Qu’est-ce qui caractérise ces deux terroirs, coups de cœur sur ce millésime 2013, les grands crus Les Clos et Vaudésir ?

BD : Vaudésir est un vin assez sensuel, à la fois minéral et délicat. Toujours accessible assez jeune. Les vignes sont situées dans des vallées chaudes, fermées au nord et peu ventées. Les raisins ont souvent des acidités moins élevées qu’ailleurs dans les grands crus.

Les Clos est vraiment situé sur un coteau. C’est un climat plutôt frais et donc plus tardif que Vaudésir. Le sol est constitué de marnes profondes qui apportent beaucoup de minéralité. C’est un peu l’inverse du Vaudésir : le vin est puissant et demande plus de temps pour atteindre son apogée. Il peut s’apprécier jeune aussi parce qu’il est riche, mais il n’aura pas la rondeur d’un Vaudésir. Un amateur de chablis va y trouver tout ce qu’il recherche. Les connaisseurs iront plutôt sur un Clos, c’est sûr. Pour revenir à la première question, qu’est-ce qu’un grand chablis, je répondrais : c’est un Clos de quinze ou vingt ans !

GHV : Quelle était la clé de la réussite sur le millésime 2013 ?

BD : Nous avons vendangé de bonne heure. La récolte a commencé le 26 septembre. Quelques jours plus tard, la pluie est arrivée et la pourriture s’est installée. La maturité était là dans nos vignes et nous avons pu préserver de la fraîcheur et de la minéralité, tout en conservant des raisins sains.

GHV : Contrairement à beaucoup de vos confrères vous utilisez le fût de chêne pour élever et vinifier vos chablis.

BD : Oui et non. Dans les années 1980-1990, le domaine a beaucoup boisé ses vins. Aujourd’hui, les gens veulent de plus en plus de vins frais, du fruit et pas trop d’alcool. C’est pourquoi j’ai souhaité davantage retrouver les caractéristiques de nos différents terroirs : désormais, une partie de nos vins est vinifiée en cuve et l’autre partie en fût. Pour les Clos par exemple, c’est moitié-moitié. Certains premiers crus ou même le grand cru Les Blanchots ne sont pas vinifiés en fût. Chaque terroir a sa sensibilité et nous vinifions « à la carte ».