Vendanges 2015 en Bordelais : l'année des vins rouges et des liquoreux
« Pour les cèpes, ça n’a vraiment pas été terrible cette année… » Cette remarque d'un amateur de champignons est parfaitement justifiée. Mais comme c'est souvent le cas, une année médiocre pour les cèpes ou les girolles est une année bénie pour les vins, la sécheresse qui nuit à la sortie des uns étant bénéfique pour les autres.
2015 : beau millésime en vue pour les vins rouges
L’année 2015 s’annonce excellente pour les vins rouges de Bordeaux et de sa région. Après un mois de juillet un peu inquiétant en raison de sa sécheresse, des pluies d'orage début août ont permis de limiter le stress hydrique. Même les pluies de septembre n'ont pas eu d'effets négatifs, les raisins ayant été protégés par des peaux épaisses. Avec pour résultat des jus montrant beaucoup de couleur, du fruit, de beaux tanins et atteignant entre 12,5° et 14°.
Saint-Emilion - Médoc : à jeu égal
Saint-Emilion ou Médoc, rive droite ou rive gauche : lequel des deux pôles du vignoble bordelais l’emporte ? C’est la question que se posent à la fin de chaque vendange les amateurs de bordeaux. Les années solaires comme 2009, le cabernet-sauvignon, planté sur les graves de la rive gauche de la Garonne, en Médoc par exemple, brille particulièrement ; lorsque l’été est frais et humide, comme en 2012, le merlot planté sur des sols argilo-calcaires, mûrit mieux. Comme il est largement majoritaire dans sur la rive droite de la Dordogne, en Libournais, autour de Saint-Emilion et de Pomerol, ces appellations peuvent donner de superbes bouteilles, comme le montre la dernière édition du Guide Hachette.
En 2015, il n’y aura pas de prime aux merlots ou aux cabernets, qui font jeu égal. Tous les cépages, y compris le petit verdot, ont bien mûri, la maturation ayant été lente. On peut légitimement espérer un vin du niveau d’un 2009 ou d’un 1982. Mais il faut attendre au moins la fin des « malos » (fermentations malolactiques) pour se prononcer. Quantitativement, on enregistre des résultats assez différents selon les secteurs, les pluies d’août ayant pris la forme d’averses orageuses très localisées. Les rendements ont ainsi été faibles dans la zone des coteaux de Garonne (secteurs de Cadillac et de Sainte-Croix-du-Mont), alors qu’ils ont été bons à quelques kilomètres de là, du côté de Sauveterre, dans l’Entre-deux-Mers.
Vins blancs liquoreux : de grandes espérances
Du côté des vins blancs secs, on s'attend à une bonne année, la récolte ayant été également précoce - mais pas à un très grand millésime, certains vins manquant un peu d'acidité et de fraîcheur.
En revanche, pour les vins liquoreux, les viticulteurs ont profité d’une pourriture noble de qualité. Pour les sauternes et autres barsacs, les vignerons sont unanimes : « C'est le meilleur millésime depuis 2003 », ajoutant que 2015 pourrait ressembler à 2003. Certains vont jusqu'à parler d'une année d'anthologie. Mais dans leur grande majorité, les viticulteurs restent plus prudents, rappelant qu'il faut au moins attendre la fin des vinifications pour avancer des hypothèses fondées.
Une chose est sûre : 2015 sera un beau millésime pour les vins de Bordeaux !
Antoine Lebègue
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