Premiers crus, une histoire de terroir et de famille, avec Gérard Lanvin, Alice Taglioni et Jalil Lespert
Authentique. Ainsi est le second film de Jérôme Le Maire qui narre l'histoire d'un Gérard Lanvin en un vigneron usé comme ses vêtements. Son premier rôle de senior, où sa main lâche le pistolet pour une canne à pêche.
François Maréchal exploite les vignes familiales sur la colline de Corton en Bourgogne. Il n'a plus le feu sacré. Sa femme est partie. Son fils Charlie (impeccable Jalil Lespert) s'est éloigné et est devenu un critique viticole redouté. Seul son gendre, Marco, l'aide, gérant au mieux les affaires courantes. Les vignes seront bientôt saisies et vendues si les dettes ne sont pas épongées. Contre tout attente Charlie accepte de reprendre le domaine. Un millésime à sortir de terre et 30 000 bouteilles de piquette en stock voilà ce qu'il a pour conserver son patrimoine. Plus un père qui va pas lui faciliter la tâche...
Le décor est posé dans une Bourgogne viticole tantôt lumineuse, tantôt brumeuse comme l'état d'esprit du néo-vigneron. Charlie va opter pour revenir aux méthodes de son grand-père et même au-delà. Sa sœur restauratrice, incarnée par la volontaire Laura Smet, avec Marco vont l'aider dans son projet. La transmission est au cœur de ce film empreint de poésie pastorale par ses larges et lumineux plans sur le vignoble et sur les travaux de la vigne. Il évoque le passage de témoin entre un père et son fils mais aussi, ce qui est rarement évoqué bien que de plus en plus fréquent, celui entre une mère et sa fille : Édith, une vigneronne exigeante, et sa fille Alice, les voisins du clan Maréchal. Les saisons passent. Les vendanges approchent, les cœurs se rapprochent...
Voilà le premier film ou l'âme de la Bourgogne viticole est mise à nue. Où la vie d'une famille est filmée comme le noyau terrestre : un magma d'émotions en fusion sous une croûte alternant pudeur, sincérité et humour. Ces « Premiers crus » bien qu' à déguster à partir du 23 septembre possèdent la longueur et l'esprit des Grand Crus.
Guillaume Baroin