Alexandre Perrier : vigneron de l'année du Guide Hachette 2024 en Savoie

Un coup de cœur pour un savoie Abymes, c’est plutôt inattendu, n’est-ce pas ?

Oui et j’en suis fier, parce que l’Abymes a toujours été dans l’ombre de l’Apremont qui est le cru de jacquère le plus réputé, avec ses arômes de pierre à fusil et sa vivacité. Il existe pourtant de beaux terroirs sur les Marches, un peu moins caillouteux que les éboulis du mont Granier, mais parfaitement exposés ; les jacquères y sont peut-être moins minérales, mais légères et fines avec des arômes fleuris et fruités très plaisants.

Un autre coup de cœur a été attribué à la roussette-de-savoie. Comment avez-vous fait dans un millésime caniculaire comme 2022 ?

C’est vrai que l’altesse a beaucoup souffert de la sécheresse. Dès le mois de juillet, la vigne s’est bloquée et les raisins ont commencé à griller. On a alors décidé d’enlever plus du tiers de la récolte. Heureusement, le 15 août, la pluie est arrivée et la maturité est repartie. L’harmonie et la complexité de cette cuvée tient aussi à l’assemblage de deux parcelles d’altesse, l’une de Francin et l’autre de jeunes vignes plantées à Monterminod, l’un des quatre crus de roussette.

Votre Chignin-Bergeron a été le mieux noté de tous ceux qui ont été proposés. Ça fait beaucoup pour un seul homme et si jeune : 28 ans !

J’en suis le premier surpris, mais je ne suis pas seul. Le travail de vigneron, c’est un travail d’équipe de toute une année. Je cherche à faire des Bergerons ni trop lourds ni trop secs, avec du gras et de la fraîcheur. Si on n’a pas de bons raisins qui arrivent à la cave, on ne peut pas viser l’excellence. C’est comme dans le rugby que je pratique, tout seul on ne peut rien. Cette saison, grâce à mon équipe de Montmélian, on est allé en demi- finale du championnat de France. En matière de vin, c’est pareil : il faut toujours chercher à faire mieux. Cela passe par le respect de l’environnement et de la biodiversité. Cette année, nous allons planter des arbres au milieu de nos vignes...