Champagne Caillez Lemaire : Vignerons de l'année du Guide Hachette 2024 !
Votre famille vit-elle depuis longtemps de la vigne ?
Nos ancêtres étaient déjà vignerons au XVIIIe siècle. Au début du XXe siècle, les vignes n’étaient guère une ressource : en hériter, c’était être moins doté ! Né en 1920, mon grand-père a élaboré les premiers champagnes. Trop jeune pour être mobilisé en 1939, il a pris des responsabilités dans la maison de négoce qui l’employait, appris techniques et tours de main. Il a débuté en 1942 avec 50 ares. Son fils Henri, électricien, a démissionné d’EDF pour le seconder lorsqu’il est tombé malade, avant de reprendre le domaine et la marque en 1976. Fille unique, j’ai rejoint mes parents en 1997 et leur ai succédé en 2005. J’ai passé un BTS au lycée viticole d’Avize, comme mon mari Laurent, reconverti.
L’usage des tonneaux, est-ce une tradition familiale ?
Mon grand-père a arrêté les tonneaux pour vinifier en cuve. Tout en modernisant la cave (les gyropalettes, les cuves Inox, la thermorégulation des cuves), mon père a été l’un des premiers récoltants à les réintroduire en 1994, pour élaborer une cuvée avec les méthodes du siècle précédent : tonneau, puis bouchage liège (au lieu de capsules). En 2003, nous avons baptisé « Jadis » ce champagne millésimé que nous élaborons presque tous les ans : il tire son caractère moins du fût (le bois est très ancien) que de son long élevage sur lattes.
Le champagne "Coup de Coeur" du Guide Hachette des Vins 2024 :
Nous développons la vinification en tonneau, tant pour le côté « naturel » du contenant que pour la complexité et la structure qu’il apporte. Ce sont les jus que nous entonnons (avant fermentation), pas le vin, qui risquerait de prendre un goût de bois – non recherché.
La conversion bio, une évidence ?
Nous avons pris conscience du danger pour l’environnement et la santé des produits CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques), qui perdent leur efficacité au bout d’un an ou deux et qui contaminent les nappes phréatiques, contrairement au cuivre dont je craignais d’abord l’excès et dont les doses ont été largement diminuées. Nous avons d’abord supprimé les insecticides, puis les désherbants, limitant les traitements chimiques à un seul. La certification HVE, obtenue en 2014, conduit à une prise de conscience en imposant de noter le détail des produits utilisés. Finalement, notre conseiller viticole nous a convaincus de sauter le pas. Le champagne bio est meilleur : le sol vivant permet une meilleure assimilation des nutriments et donne un meilleur goût au raisin. Les vins sont plus acides, plus minéraux.