Olivier Carrel obtient le titre de vigneron de l'année 2023 en Savoie

Dans la famille des crémants, quelle est la place des crémants de Savoie ?

Il faut déjà rappeler qu'en Savoie, il existe une véritable tradition de vins blancs effervescents. Mon père, Eugène, a été l'un des  premiers à en élaborer. Il a tout de suite compris que la jacquère, avec sa fraîcheur et sa légèreté, se prêtait bien à la prise de mousse et faisait un assemblage réussi avec le chardonnay pour la rondeur (20%) et le pinot pour l'élégance(20%). Depuis plus de 50 ans, nous réalisons le même assemblage avec une majorité de jacquère qui donne son identité alpine au crémant. Nous n'avons donc pas eu de mal à passer de la méthode traditionnelle au crémant car nous respections déjà le pourcentage de cépages locaux requis dans le cahier des charges (60% minimum).

Vous n’avez donc rien changé à votre façon de faire ?

Si bien sûr ! Ce qui a beaucoup changé, c'est la sélection des parcelles dévolues au crémant ; c'est aussi, grâce à un pressurage doux, la sélection des jus : on n'utilise que le cœur de graines. Quand on presse, je ne quitte pas la maie d'une semelle, je surveille mes jus comme le lait sur le feu. Enfin, pour éviter les goûts fermentaires et obtenir la bulle la plus fine possible, on laisse le vin au moins 24 mois sur lattes au lieu des 12 mois réglementaires. C'est le prix à payer pour avoir un excellent crémant.

Votre roussette de marestel a obtenu 2 étoiles. On dit que le marestel est un grand vin blanc…

Je le pense sincèrement. Sur les 5,5 ha d'altesse que nous exploitons, nous avons la chance d'en avoir 2 en cru marestel. C'est un terroir magique : les éboulis calcaires et les moraines glaciaires donnent de la complexité à ce vin blanc riche en arômes et doté d’une matière phénoménale qui s'harmonise avec le temps. Je m'efforce de le conserver au moins deux ans avant de le vendre, parce que le marestel est sublimé par la garde : ses arômes de fruits confits et de truffe sont incomparables et se marient bien avec le foie gras, le turbot et le poulet de Bresse.

Comment voyez-vous l'avenir de votre domaine ?

Avec enthousiasme et sérénité ! Cette reconnaissance m’honore et vient récompenser le travail et l’expérience de toute notre équipe. Elle nous donne confiance dans la poursuite de notre quête d’excellence. Nous avons d’ailleurs de grandes ambitions et de beaux projets oenotouristiques pour les années à venir.