Lauriane André et Jérôme Desprès élus vignerons de l'année 2023 en Bourgogne au Domaine Françoise André
Être précis sur les terroirs
Il aura fallu une décennie seulement au domaine Françoise André pour devenir l’une des références du nord de la Côte de Beaune et de la colline de Corton en particulier. Il y a une douzaine d’années, la famille André a repris l'exploitation directe de ce domaine, qui compte 11 ha aujourd’hui. Lauriane André et sa belle-mère Françoise tiennent les commandes, en compagnie de Jérôme Desprès pour la direction technique. Les ambitions qualitatives ont été clairement affichées : certification biologique dès 2012, investissements importants en cave (table de tri, cuves thermorégulées 2015, etc.). « Nos vins ont beaucoup gagné en précisions », constate Lauriane André. La gamme de terroirs est ainsi remarquablement mise en valeur. On y trouve notamment les deux grands crus : corton Renardes et corton-charlemagne, ainsi que toute une palette d’appellations plus abordables, issues de secteurs proches : pommard, beaune, savigny-lès-beaune, chorey et pernand-vergelesses.
Découvrez nos coups de coeur du guide 2023
Corton charlemagne 2019 Grand cru blanc
Les Renardes 2019 Grand cru rouge
2019, le millésime de l’intuition
« Le millésime 2019 a été un peu particulier pour nous. Michel André, à l’origine du domaine, est décédé 10 jours avant les vendanges. Nous avions d’autant plus envie d’élaborer des vins mémorables. Il était important de bien choisir les dates de vendanges : c’était un millésime assez chaud et toutes les analyses de maturité indiquaient que l’on pouvait aller récolter. Cependant, en dégustant les raisins, nous n’avions pas d’émotion. Notre ressenti nous disait d’attendre », confie Lauriane André. « C’est un beau millésime, très concentré, mais avec de belles acidités. Les épisodes de sécheresse ont provoqué quelques blocages des vignes qui ont permis de garder de la fraîcheur. Finalement, les vins présentent beaucoup d’équilibre avec des structures magnifiques », complète Jérôme Desprès.
La finesse des tanins
Une année peu productive qui voit s’illustrer plus particulièrement la colline de Corton. Le corton-charlemagne est l’une des parcelles historiques du domaine, replantée par la famille André avec des ceps soigneusement sélectionnées. « Nous sommes exposés au sud-ouest, du côté Pernand-Vergelesses de la colline. Un secteur qui favorise l’expression de la minéralité. La pente est marquée et les sols caillouteux », expose Lauriane André. Un terroir récolté parmi les derniers au domaine. « Ça vaut le coup d’attendre pour aller chercher davantage de complexité aromatique, d’autant qui n’y a pas de risque de surmaturité. » Un vin qui mariera idéalement avec du turbot, du homard, des saint-jacques et autres fruits mers.
Le corton Renardes, implanté à l’extrême nord du vignoble d’Aloxe-Corton sur les hauteurs de la colline, regarde plein est. La vigne âgée de 45 ans, enracinée dans des sols assez épais et pentus, donne de petites grappes. « Elle voit le soleil quasiment du matin au soir et c’est l’une des premières que l’on récolte », précise Jérôme Desprès. Un vin qui tranche avec l’image du corton, parfois un peu austère et rugueux. « Nous travaillons la finesse des tanins pour préserver la délicatesse du pinot noir. C’est un cépage très fin : il ne faut chercher à le durcir », souligne Laurianne André. Un vin à faire patienter en cave au minimum trois 3 ou 4 ans et qui passera la décennie de garde sans encombre. Pour les plus impatients, Jérôme Després conseille un carafage avant le service. Ce grand cru accompagnera une pièce de bœuf, une côte de veau, une souris d’agneau, par exemple. « Je déconseille les gibiers, car il se marie mieux avec des plats un peu plus délicats », conclut Jérôme Desprès.