Alexis Albertini élu vigneron de l'année du Guide 2023, pour le Clos d'Alzeto en Corse
Vous travaillez avec votre père, votre sœur et votre frère. Comment se répartissent les tâches ?
Nous sommes effectivement un domaine familial qui existe depuis les années 1800. Mon père travaille sur l’exploitation et nous sommes trois frères et sœurs à avoir pris la suite. Je m’occupe de la production, mon frère Alain est commercial et ma sœur Brigitte est en charge de la gestion et de la partie administration. Nous avons 54 hectares de vignes et nous produisons également de l’huile d’olive.
Quels sont les cépages présents dans votre vignoble ?
Nous avons beaucoup des cépages insulaires corse : le vermentino en blanc mais aussi le bianco gentil et le genovèse qui sont des cépages anciens remis au gout du jour. En rouge, nous avons le sciaccarello, très typique des vins d’Ajaccio, un peu de nielluccio et du grenache.
Comment définissez-vous votre approche de la culture de la vigne ?
Nous avons la chance d’être sur une ile très privilégié pour ce qui est du climat. Un peu trop je dirais même : il n’y pas de pression de maladie pour les vignes mais on en voudrait un peu plus car nous n’avons pas d’eau… Cela devient une grosse problématique ces dernières années. On ne plonge pas pour autant dans la mode du bio, on ne le revendique pas. Nous utilisons de plus en plus de produit de biocontrôle pour diminuer les doses de soufre ou de cuivre mais s’il faut un passage de produit systémique, nous n’hésitons pas à le faire.
Quelles ont été vos priorités à la reprise du domaine ?
Mon père m’a donné carte blanche pour tout ce qui est production. Nous avons élargi la gamme avec des cuvées parcellaires. Nous avons aussi augmenté la surface foliaire pour gagner en qualité de maturité des raisins. En cave, mon père a investi dans du bon matériel et nous avons continué de le faire pour travailler très proprement. Cela nous permet notamment de diminuer les doses de sulfite. Il a fallu aussi s’adapter au gout des consommateurs qui cherchent des vins plus floraux, fruités et moins vineux.
Quels étaient les points clés du millésime 2019 ?
C’était une année saine, avec une maturité arrivée ni trop tôt, ni trop tard. Ce n’était pas un millésime à gros volume mais pas non plus une année de grande concentration. Les raisins étaient très sains. Cela a donné des vins rouges très souples, avec pour la cuvée d’ajaccio 70% de sciaccarello, 20% de grenache et un peu de nielluccio. C’est le côté charmeur du sciaccarello qui est ressorti.
Quels sont vos choix en matière de vinification et d’élevage sur cette cuvée ?
En vinification, nous avons l’habitude d’extraire assez doucement. L’élevage s’effectue pour environ 30% en foudre, le reste en cuve inox, pendant un an. Cela permet de bien enrober, d’assouplir les tannins.
De quel vignoble provient cette cuvée ?
C’est notre cœur de gamme et les raisins proviennent d’une quinzaine d’hectares d’un seul tenant à flanc de montagne. Un terroir très graveleux qui donne des vins sans exubérance mais avec une grande finesse. Certaines parcelles sont également constituées d’arènes granitiques et donnent davantage de profondeur, de matière, au vin. L’assemblage abouti à une cuvée bien équilibrée. Les parcelles sont situées entre 350 et 450 mètres d’altitude autour de Sari Dorcino, la commune où nous sommes basés.