Domaine Sainte-Anne : Jean Steinmaier élu vigneron de l'année du Guide Hachette 2022 dans le Rhône

• Quelle est l’origine du Domaine Sainte-Anne ?

En 1965, mes parents ont acheté des terres dans la région. Ils sont partis de zéro : ils ont défriché, planté. Ils n’étaient pas de la région puisque mon père était courtier en vin en Bourgogne. Il y venait régulièrement et cherchait un petit pied-à-terre avec quelques vignes. C’était au départ pour passer des vacances. Ils se sont fait conseiller pour bien planter : syrah, grenache, mourvèdre sur une dizaine d’hectares. À l’époque, ces cépages ne se plantaient pas ici : on recherchait plutôt des vignes à plus gros rendements. En 1969, le courtage marchait moins bien en Bourgogne, il y a eu des conflits de famille et ils ont décidé de s’installer. J’ai travaillé avec mon père à partir de 1978 et j’ai repris le domaine par la suite.

• L’idée de départ était donc de faire des vins de qualité avant tout ?

Oui, le terroir était en coteau et mon père cherchait déjà à faire des vins haut de gamme. Son objectif n’a jamais été de faire du volume, mais un beau produit. Le vignoble est établi sur un plateau exposé sud-ouest, à 200 m d’altitude, où l’on constate d’importantes amplitudes thermiques entre le jour et la nuit qui apportent beaucoup de fraîcheur au vin. Par ailleurs, nous sommes sur des grès calcaires qui donnent des vins fins, moins alcooleux que ceux des galets roulés. Nos vins ont de l’acidité, un côté fruité. Avec les conditions climatiques actuelles, c’est un avantage.

• Quelles sont les spécificités de la cuvée Notre-Dame des Cellettes ? Et comment s’est présenté ce millésime 2019 ?

Elle provient de vignes âgées de 40 ans à 60 ans, dont 70 % de grenache, 20 % de syrah et 10 % de mourvèdre. Toutes nos parcelles sont regroupées autour de nos bâtiments, même si elles ne sont pas d’un seul tenant. Quant à 2019, c’était une année relativement facile. Nous n’avons pas eu trop d’intempéries et la pluie est tombée aux bons moments. La vigne n’a pas connu de stress hydrique, les vendanges se sont déroulées sans intempéries. Les maturités des raisins étaient belles, les grappes saines. Elles ont permis de donner des vins très riches. 

• Qu’apporte chaque cépage à la cuvée ?

Le grenache apporte la puissance, la générosité; le mourvèdre, la structure et la syrah, la couleur et de la structure aussi. Nous vendangeons manuellement en caisse de 30 kg. Les raisins sont triés sur table pour ne garder que les belles grappes. Quand vous les mangez, vous avez vraiment le goût du fruit. Nos rendements tournent autour de 30 à 35 hl/ha grâce à une taille en gobelet bien aérée et en cordon de Royat. Tout un travail qui permet d’arriver à un produit haut de gamme quand le terroir a du potentiel. Quand vous avez la chance d’avoir des vieilles vignes, il faut essayer de les conserver et de ne pas les massacrer avec trop de mécanisation. Avec mes plus jeunes vignes, je n’obtiens pas cette même complexité, ni cette structure.