Grandes années du vin - 2007 : grand millésime en Vallée du Rhône et liquoreux
Millésime 2007 : la précocité perdue ne se rattrape pas
Le cycle avait bien commencé avec un hiver généralement clément, suivi d’un printemps souvent presque estival. Le débourrement et la sortie de grappes furent extrêmement précoces. Mais si avril se prit pour juillet et si mai fut assez doux, les pluies s’installèrent ensuite jusqu’à la fin août. L’été souffla le froid plutôt que le chaud : en juillet, des orages de grêle frappèrent certains vignobles. Ces précipitations continuelles rappelèrent les millésimes 1997, 1987 et 1977, avec en prime les morsures du mildiou et le développement de la pourriture grise.
Fin août, le mauvais temps s’arrêta et la fin de maturation s’effectua dans de bonnes conditions, puis les vendanges se déroulèrent sous le soleil. La récolte fut sauvée mais sans être exceptionnelle et sans que le retard fût rattrapé.
Bordeaux 2007 : un été qui coûte cher
En 2007, les viticulteurs girondins furent aussi mal lotis que les estivants qui fréquentaient la presqu’île du Médoc et le bassin d’Arcachon ; ils furent en outre contraints de lutter contre le mildiou et d’engager de coûteux travaux pour préserver la qualité de la vendange, notamment en limitant la taille des baies et leur goût végétal.
Heureusement, un beau soleil en septembre et octobre, au moment de la récolte, sauva en partie la mise pour les vins rouges ; au prix tout de même d’une sélection drastique entre les premiers et seconds vins dans les grands crus. Quant aux blancs secs et aux liquoreux, ils se sont révélés magnifiques : sémillon et sauvignon ont tiré bénéfice du climat frais de l’été et sont parmi les meilleurs ramassés en Bordelais depuis 1996.
Dans le Sud-Ouest, le retour du soleil en fin d’été, pour les vendanges, sauva également des eaux le millésime.
Champagne et Alsace 2007 : tout dépend du cépage
D’abord maussade et humide, l’hiver champenois se fit extraordinairement clément et doux avec cependant quelques moments de froid, de neige et de grêle entre le 19 et le 25 mars. Comme en Alsace, le débourrement fut hâté et la fleur précoce (25 mai). Le débat sur le réchauffement de la planète était sur le point de rebondir, mais il fut vite arrêté par la dégradation du temps. Si l’été fut pourri, l’arrière-saison sauva l’année, mais la maturation demeura hétérogène.
En Champagne, comme en 1998, le chardonnay a bien tiré son épingle du jeu et a donné naissance à des vins frais et puissants ; mais il n’y a pas eu beaucoup de millésimés. Quant à l’Alsace, elle a offert à profusion des vins issus de vendanges tardives, notamment des gewurztraminers, bien réussis.
Bourgogne 2007 : le vent des Rameaux a menti
La Bourgogne ne put échapper au scénario observé dans presque tous les autres vignobles. Elle fit mentir le dicton local selon lequel le vent des Rameaux annonce le vent dominant de l’année ; s’il vient du nord, il promet une année sèche et saine. On commençait à parler d’un nouveau 2003 et, pourquoi pas, de vendanges à la mi-août. D’autant plus que la fleur, vers le 20 mai, avait été précoce elle aussi.
Hélas, il ne faut pas toujours croire les vieux dictons. À partir de mai, les vents d’ouest et du sud apportèrent mildiou, oïdium et botrytis. La suite, jusqu’au 20 août, tint du cauchemar. Après cette date, le grand beau temps sauva la récolte ; mais un tri sévère fut nécessaire et les vinifications s’avérèrent difficiles. Le résultat : des vins rouges de moyenne garde, agréables et fruités, avec de belles réussites en Côte de Nuits ; des blancs globalement vifs, très honorables à Meursault, à Chablis et en Mâconnais.
De Nantes à la Savoie, un « millésime de vigneron »
Dans le Jura, les vignerons durent jouer les tortues et vendanger tard en profitant du temps radieux de septembre pour élaborer des vins issus de savagnin et de trousseau de belle facture. En Savoie également, les vendanges tardives et patientes ont donné naissance aux meilleurs vins.
Aussi peut-on qualifier 2007 de « millésime de vigneron » dont la qualité a été fonction du talent des hommes. Dans la vallée de la Loire aussi, les viticulteurs ont dû savoir patienter pour récolter à maturité optimale. En Anjou et en Touraine, l’arrière-saison permit à la pourriture noble de s’installer convenablement et aux producteurs de proposer de beaux liquoreux.
La vallée du Rhône et le Midi, régions heureuses en 2007
Dans la vallée du Rhône, le millésime fut dans l’ensemble exceptionnellement chaud, sec et peu venté. Seuls mai et juin furent plus arrosés que la moyenne. Mais ces pluies furent bienvenues, comblant presque le déficit pluviométrique et survenant au moment où la vigne était la plus gourmande en eau. Pas de mildiou ici, et une année 2007 précoce et plus que satisfaisante pour la qualité. Le résultat ? Des rouges d’une intensité colorante exceptionnelle, denses et soyeux, amples et longs, aux tanins présents et de grande qualité, notamment dans le sud (châteauneuf, vacqueyras et rasteau) ; des blancs et des rosés également très réussis, expressifs, délicats et complexes.
En Languedoc-Roussillon, le fait marquant fut la fraîcheur du mois d’août. L’écart thermique entre jour et nuit à partir de septembre favorisa la maturité phénolique des raisins rouges, à l’origine de vins aux tanins souples et fondus. En revanche, en Provence, 2007 a été la cinquième année nettement déficitaire en eau.
L’évolution des grands vins de 2007
À boire à partir de | À boire de préférence avant | |
Grands bordeaux rouges à majorité de cabernet-sauvignon | 2013 | 2020 |
Grands bordeaux rouges à majorité de merlot | 2012 | 2018 |
Sauternes-barsac | 2014 | 2022 |
Grands bordeaux blancs (secs) | 2011 | 2020 |
Grands bourgognes rouges | 2012 | 2017 |
Grands bourgognes blancs | 2011 | 2015-16 |
Grands champagnes | non sortis | |
Grands vins rouges de la vallée du Rhône | 2014-2016 | 2020-2024 |