Rencontre avec Pierre-Emmanuel Taittinger - Champagnes Taittinger
Une maison de renommée internationale reprise aux américains par Pierre-Emmanuel Taittinger
En 1932, Pierre Taittinger acquiert le château de la Marquetterie et ses vignobles, alors propriété de la maison de champagne réputée Forest-Fourneaux établie à « Rheims » depuis 1734. Les fondations de cet empire sont posées. Trois des fils de Pierre perpétuent l’héritage : François, rejoint par Claude et par Jean, lequel sera longtemps maire de Reims (entre 1959 et 1977) et ministre sous la présidence de Georges Pompidou. La maison prend le nom de la famille, agrandit le vignoble et installe ses caves au centre de la ville, à l’emplacement d’une abbaye. Elle diversifie son patrimoine, notamment dans le secteur de l’hôtellerie de luxe (le Crillon et le Lutetia à Paris, le Martinez à Cannes, entre autres) et de la cristallerie (Baccarat). En 2005, les héritiers en désaccord vendent le groupe aux fonds d’investissement américain Starwood Capital. Émoi en Champagne. Mais, un an plus tard, à l’été 2006, Pierre-Emmanuel Taittinger, fils de Jean, reprend possession de l’illustre maison. L’hôtellerie reste au groupe américain, mais la maison et son vaste vignoble (288 ha) retourne à la famille.« C'était un devoir sacré de reprendre les champagnes Taittinger. Je suis heureux d'y être arrivé. »
Le chardonnay : le style des champagnes Taittinger
« Le style Taittinger, aérien, fin, délicat, on le doit au chardonnay », explique Pierre-Emmanuel. Son oncle François avait choisi d’en faire le plant dominant, donnant le style de la marque. À la différence des autres maisons de Champagne où les pinots noir et pinot meunier sont privilégiés. « Le chardonnay, c’est notre histoire et l’ADN de nos vins, nous n’en dérogeons pas. Et d’ailleurs toute la Champagne s’est « chardonnérisée » », ajoute-t-il, un sourire en coin. Selon une tradition légendaire, Thibaud IV, comte de Champagne de retour de croisade, aurait rapporté de son séjour en Terre sainte un plant de vigne, l’ancêtre du chardonnay. C’est en hommage à cette dynastie que la cuvée blanc de blancs Comtes de Champagne a été créée en 1952. Au cœur de Reims, la demeure des Comtes de Champagne, qui remonte au XIIIe siècle, est aujourd’hui l’emblème des champagnes Taittinger.
La cuvée Comtes de Champagne : le fleuron de la maison rémoise
La plus connue des cuvées spéciales de la maison, millésimée, n’est élaborée que les années jugées favorables ; 2004, moyenne dans d’autres régions, est fort bien cotée en Champagne. Elle fait suite à un 2002 également élu coup de cœur par les experts du Guide Hachette. 2005 est "vin remarquable". Le Comtes de Champagne blanc de blancs est issu des cinq grands crus de la Côte des blancs : Avize, Chouilly, Cramant, Mesnil-sur-Oger, Oger et Oiry. « La matière première vient pour la plus grande partie de nos propres vignes », précise Pierre-Emmanuel, qui ajoute : « Pour faire un grand champagne, il faut trois conditions. La volonté du chef de maison. La qualité des raisins. Et le temps. On ne fait pas un grand champagne en dix-huit mois. Il faut jusqu’à dix ans pour le Comtes de Champagne. Et trente ans après, il est encore jeune et frais ». On rappelera qu’il faut trois ans de cave au minimum pour les champagnes millésimés.
Un champagne de grande classe
La cuvée Comtes de Champagne est élaborée à partir de la première presse des meilleurs chardonnays. 5 % des vins demeurent quatre mois en fût de chêne neuf. Puis le champagne vieillit lentement dix ans durant dans les crayères d’origine gallo-romaine de l’ancienne abbaye de Saint-Nicaise, à dix-huit mètres sous terre. Le résultat : Une robe or pâle animée de fines bulles. Un nez, intense et délicat à la fois, qui possède toute la classe aromatique des grands chardonnays : fruits blancs (poire), agrumes et torréfaction (grillé, vanille, bois noble…), un équilibre parfait entre onctuosité et fraîcheur jusqu’à la finale éclatante.
« Si notre brut sans année est notre honneur, le Comtes de Champagne est notre signature, je ne veux pas qu’il soit bling-bling », conclut Pierre-Emmanuel Taittinger. « Cher certes, mais accessible aux connaisseurs. »