Rencontre avec Jérôme Coursodon - Domaine Coursodon (saint-joseph)
Les Coursodon : une famille historique de l'appellation saint-joseph
L’arrière-grand-père, Antonin, vendait son vin à la foire agricole de Tain-l’Hermitage, comme l’atteste une affichette accrochée dans la cave. Vigneron au-dessus de Mauves, il apporta en effet quelques tonneaux à la foire en 1930. Les vignes depuis lors n’ont pas quitté la famille. Les Coursodon se sont succédé : Gustave écoulait ses barriques dans les cafés parisiens, puis a mis son vin en bouteilles.
Pierre a grappillé des parcelles à l’abandon et replanté des vignes dans le granit des coteaux en escalier. Jérôme, lui, est arrivé en 1998. « Après-guerre, explique-t-il, les paysans avaient des vergers par ici – pêchers, abricotiers, cerisiers –, et des maraîchages, sur la langue fertile bordant le Rhône. Et quelques rangs de vignes au-dessus. Ensuite, les vignes ont pris l’avantage. » Malgré l’important remembrement réalisé par son père, les 16 ha d’aujourd’hui sont encore émiettés en une quinzaine de parcelles, jusqu’à Glun et Saint-Jean-de-Muzols. « Vu le relief, quand on replante, c’est juste quelques rangs », dit-il, « mais il reste encore quelques parcelles bien exposées »…
Cultiver les terroirs d'origine
L’AOC saint-joseph a vu le jour en 1956. Son nom est celui d’un lieu-dit situé en face de l’Hermitage, célèbre cru situé sur l’autre rive du Rhône. Rive droite et rive gauche, le substrat est semblable : des granits friables, des sables et, localement, des calcaires.Les sols sont maigres, plutôt acides. Les versants escarpés où les rochers affleurent, parcourus de murets de pierres sèches qui suivent les courbes du relief, forment des terrasses où s’accrochent les ceps de vigne. La dureté des pentes est un choix que quelques familles historiques ont fait et qu'ils assument, pour cultiver leurs terroirs d'origines.
La géologie est ici propice à la syrah. « Le granit lui apporte de la fraîcheur et équilibre sa concentration. Sur mes douze coups de cœur attribués par le Guide Hachette, dix reviennent à des vins rouges », précise Jérôme, qui entend à présent marquer de son empreinte les vins du domaine familial : « Les saint-joseph avaient autrefois une réputation de vins un peu rustiques. Je m’efforce d’apporter plus de finesse et d’élégance : en passant plus de temps dans les vignes, en extrayant des tanins très mûrs. C’est la somme des petits détails qui fait la différence. » Les rouges les plus marquants du domaine : le Paradis Saint-Pierre (deux étoiles pour le millésime 2011) , et l’Olivaie (une étoile en 2011.)
La marsanne en son pays : La cuvée Paradis Saint Pierre en blanc
Les vins blancs ne représentent que 2 ha du domaine mais lui ont pourtant valu une Grappe d’argent du Guide Hachette des Vins. Les vieilles vignes de marsanne donnent ici tout leur éclat. « Ce cépage est bien marié au lieu », dit Jérôme Coursodon. « Ailleurs, il sera insipide si il n’a pas de bons sols et une bonne maturité. Il n’est pas exubérant et livre des arômes discrets de fleurs blanches. »
Cette cuvée Paradis Saint-Pierre comporte un soupçon de roussanne qui apporte du fruité. Les soins patients à la cave la flattent : un pressurage très lent de la vendange entière durant plus de quatre heures, une fermentation d’un mois en fût, un élevage d’un an en pièces bourguignonnes avant l’assemblage.
Et les experts du Guide saluent l’œuvre accomplie : « Derrière une robe jaune paille limpide et brillante se développe un bouquet expressif et fin de pêche et d’abricot accompagné des nuances toastées-vanillées de la barrique. On retrouve ces arômes dans une bouche élégante, onctueuse, riche mais toujours fraîche, rehaussée par une petite vivacité finale bien agréable qui vient souligner l’expression du terroir. »