Côte Glacière et Meurtet 2012 sont des sélections parcellaires, alors que vos autres cuvées sont des assemblages, dans l’esprit des cuvées traditionnelles des grandes maisons.

Ces 2 parcelles importantes (environ 2 ha chacune) ont toujours été vinifiées à part, mais elles étaient intégrées aux assemblages. Après les avoir associées dans la cuvée Parcelles d’Aÿ 2010, nous avons souhaité élaborer 2 cuvées 2012 reflétant chacune leur parcelle : pas plus de 6 000 bouteilles, alors que nous avons produit 2,4 millions de cols en 2019...

Élue coup de cœur, Côte glacière réunit générosité et élégance. Meurtet apparaît plus nerveuse, plus juvénile. Des nuances liées à la situation respective des 2 parcelles ?

Effectivement. Côte glacière est en forte pente, exposée plein sud. Les vignes, âgées de près de 50 ans, donnent de petits rendements et des vins plus solaires. Meurtet est orientée au sud-sud-est, moins pentue, plantée de vignes plus jeunes. Les 2 cuvées ont vieilli 6 ans et demi sur lies ; Meurtet est légèrement plus dosée (8 g/l). Mais l’une comme l’autre donnent des champagnes de gastronomie.

Trois mots pour résumer le style de la maison ?

Pureté, précision et fruit. Les vins sont fermentés à basse température (15-17°C), réalisent leur fermentation malolactique. Pas de bois, mais des cuves Inox, pas moins de 150 permettant une séparation des origines. Les vins de réserve (40 à 50 % des non millésimés) sont eux aussi conservés en cuve. Nous avons réduit les dosages.

Quelle est votre pratique en matière de cuvées millésimées ?

La décision de millésimer se prend toujours après avoir dégusté les vins clairs, en mars. Nous commençons par élaborer la cuvée classic, le BSA (80 % des volumes). Le réchauffement climatique a permis de récolter des raisins plus mûrs et de proposer plus souvent des vins millésimés.

Un mot sur votre parcours ?

Agriculteur dans le Sézannais, au sud de la Champagne, mon père cultivait des vignes. Ingénieur en biotechnologie et amateur de vins, j’ai été embauché en 1985 comme chef de cave chez Palmer et je me suis passionné pour le champagne. En 2003, recruté par Deutz, j’ai commencé le 25 août, la veille des vendanges. L’année de la canicule : petits volumes, mais nous avons pu réaliser un Amour de Deutz et un rosé millésimés. Autre année marquante, 2011, gros investissements, nous avons doublé la capacité de la cuverie, une course contre la montre pour que tout soit prêt pour la récolte.