Qu’est-ce qu’un cru bourgeois ?
Dès le Moyen Age, on distinguait à Bordeaux les « crus des bourgeois », propriété des notables de la ville, exemptés de droits à l’exportation des vins de leurs vignes, à côté des crus artisans et paysans. Certaines de ces belles propriétés furent incluses dans le classement de 1855. Puis un classement des «crus bourgeois» a été réalisé par des courtiers en 1932. Il comprenait une hiérarchie : crus « bourgeois » (339 crus), « bourgeois supérieurs » (99 crus) et « bourgeois exceptionnels » (6 crus). La mention a longtemps été décernée à un grand nombre de châteaux sans critères très définis. Après un nouveau classement contesté (et annulé) en 2003, la notion de cru bourgeois a refait surface après homologation par les pouvoirs publics d’une procédure de sélection très précise. Cette réglementation s’applique à partir du millésime 2008. Les 251 crus bourgeois sélectionnés en 2015 représentent environ 30 % de la superficie viticole du Médoc et 20 millions de bouteilles.
Depuis 2008 : un examen annuel
Désormais, pour afficher la mention « cru bourgeois », un château doit respecter un cahier des charges et passer avec succès les épreuves de sélection : visite de propriété et dégustation à l’aveugle contrôlées par un organisme indépendant. Il ne s’agit plus d’un classement durable de châteaux mais d’un agrément annuel donné à un vin donné, et uniquement pour le millésime examiné (deux années après la récolte). Seuls peuvent concourir les châteaux situés dans les différentes AOC du Médoc. Les crus bourgeois sont situés dans 7 AOC du Médoc (AOC Médoc et Haut-Médoc principalement).
Crus bourgeois : retour au classement ?
L’Alliance des crus bourgeois a cependant annoncé qu’elle étudiait la création d’un classement – une sélection plus pérenne, et la création d’un cru bourgeois supérieur pour 2020. Les vins régulièrement sélectionnés pourraient être classés d’office «crus bourgeois ». Dans la configuration actuelle, la sélection annuelle des crus, contraignante, rend difficile pour les domaines une politique commerciale à moyen terme. Et certains crus célèbres, parmi lesquels on trouve d’anciens crus classés « bourgeois exceptionnels », restent en dehors des crus bourgeois. Cependant, les classements récents, qu’il s’agisse des « bourgeois » médocains ou des grands crus de Saint-Emilion, ont donné lieu à des contentieux, à des imbroglios judiciaires eux aussi préjudiables aux producteurs, certains domaines exclus intentant des procès. En matière de classement, la prudence et le pragmatisme sont aujourd’hui de mise…
C. Cuperly
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