Le Domaine de la Mordorée en deuil - hommage à Christophe Delorme
Un retour à la terre pour des passionnés de la vigne
Christophe Delorme et son père Francis n’étaient pas de purs vignerons à l’origine, même si la famille possédait une douzaine d’hectares de vignes à Tavel et en Côtes du Rhône. Francis était le chef d’une entreprise textile de deux cents employés à Bagnols-sur-Cèze.
Mais en 1986, il décida de changer de cap et choisit la vie des champs. Francis et Christophe Delorme entreprirent de bâtir une cave et des chais au cœur du domaine familial, puis achetèrent une première parcelle à Lirac.
Une nouvelle vie commençait. Au fil du temps, le domaine de la Mordorée s’agrandit, avec en 1989 deux hectares et demi de châteauneuf-du-pape, étendus plus tard à quatre et demis.« Notre fleuron », s’émerveille Christophe Delorme, « situé sur le plateau de La Crau qui est le plus beau terroir de Châteauneuf-du-Pape ». Des galets roulés et des sables du Rhône sur des veines d’argiles bleues. Là, les ceps les plus jeunes datent de 1945, les plus vieux de 1910-1920. Des grenaches pour l’essentiel. Le domaine de la Mordorée compte à présent une cinquantaine d’hectares. Les derniers ares furent acquis en 1992 en AOC condrieu, sur un coteau abandonné. Ce vin a donné ses deux premières barriques en 2009.
Respect de la nature et viticulture biologique : les principes de la Mordorée.
Dès les débuts, une ambition fut affichée : le respect de la nature.
« Nous sommes arrivés avec un regard neuf, pas engoncés dans des traditions. Pour nous, dit Christophe Delorme, la façon d’obtenir un résultat est au moins aussi importante que le résultat lui-même. La fin ne justifie pas tous les moyens ».
Le domaine sera certifié bio en 2013, au terme de sa conversion. Des essais de biodynamie ont été conduits.
« Être vigneron pour nous, c’est avoir les pieds dans sa terre, comme des racines, pour essayer de percevoir ce que la vigne ressent et vinifier ses fruits chaque fois différemment ». Il ajoute : « Mon plus grand bonheur à l’automne, c’est de voir les vers de terre qui travaillent. Le terroir est vivant ».
La Reine des Bois et la Plume du Peintre : les fleurons du domaine de la Mordorée
La bécasse, au long bec et au plumage roux moucheté, la discrète des sous-bois d’hiver qui s’envole au crépuscule, est une proie de choix pour les chasseurs. L’oiseau entouré de mystères et de légendes est l’emblème du Domaine de la Mordorée.
Les dégustateurs du Guide Hachette ont célébré cette Reine des Bois, qui est aussi le nom d'une des plus belles cuvées du domaine : « Elle parade dans une robe grenat soutenu aux reflets violines. Elle livre des parfums puissants de fruits mûrs et de boisé torréfié. La même puissance marque le palais, généreux, riche et long, tapissé d’arômes d’épices douces (cannelle) et de fruits noirs et rouges à maturité. Une réelle élégance et une sensation de douceur ».
La Reine des Bois est composée de grenache à 90 %, les 10 % restants de mourvèdre, syrah, counoise et vaccarese.
L’autre fierté du domaine est La plume du peintre, sa cuvée de pur grenache du plateau de La Crau. Un vin rare : il n’est sorti que deux fois en vingt ans.
L'oiseau des bois ajoute une poésie particulière au nom de cette cuvée : la plume du peintre est en effet le nom que l'on donne une plume très particulière de la bécasse, elle n’en possède qu’une à chaque aile, et les moines des abbayes l’employaient pour leurs enluminures.
La Mordorée : un domaine aux multiples reconnaissances
Dans le Parker illustré de 2006, qui répertorie les 155 plus beaux domaines de France et du Monde, la Reine des Bois de la Mordorée, « domaine exceptionnel » obtient les meilleures des notes, jamais moins de 93. Et la note maximale : 100/100 pour le 2001, qualifié de « Légende des temps modernes ». Qu’ajouter de plus ? Le critique-star américain conclut : « Tout le mérite en revient au grand et beau Christophe Delorme, un terroiriste passionné ».
Lequel se réjouit : « Pas besoin d’exister depuis 300 ans, la preuve ! » Et les nombreux coups de cœur du Guide Hachette glanés au fil des ans le confirment.