Rencontre avec Michel et Thérèse Riouspeyrous - Domaine Arretxea ( Irouléguy)
Michel riouspeyrous, l'enfant du pays
Michel Riouspeyrous est un basque grand teint. Il est né au bourg, à Irouléguy, à la ferme de ses parents. Ils vivaient de leurs treize vaches. Petit, Michel était un bon élève. Plus grand, ses instituteurs l’ont poussé à faire des études. Il leur répondait toujours : « Je serai paysan ! » Il s’est fait vigneron. Le basque a la tête dure. Son BTS élevage en poche, il est parti dans la pampa argentine, puis deux ans au Sénégal, en assistance technique en brousse. Il y a rencontré Thérèse l’Alsacienne. Et quand ils sont rentrés à la ferme, il fallut faire un choix. Les vaches ne nourriraient pas une famille. Mais sur les terres se trouvaient des coteaux classés en AOC irouléguy…
Michel et Thérèse ont défriché et planté petit à petit : deux hectares la première année, un la suivante, puis un autre. Les premières bouteilles sont arrivées en 1993, dix ans après leur retour d’Afrique. Arretxea a pris son essor. Dans ces montagnes majestueuses, la vigne s’accroche en terrasses et sur les pentes escarpées au sud, à l’abri des vents sous la chaîne des Pyrénées, dans la douceur du foehn à l’arrière-saison des vendanges. Et sur les prairies, le gros de l’activité reste l’élevage des brebis manex, qui fournissent le fromage basque ossau-iraty.L’enfant du bourg
"Faire parler les terroirs" pour produire des vins authentiques
Le domaine Arretxea est formé d’une mosaïque de terroirs. Mais cultiver des vignes en montagnes n'est pas tâche aisée. Un géologue, Yves Hérody a cartographié les différents terroirs et a appris aux Riouspeyrous les pratiques agricoles s’accordant à l’endroit.
« Le terroir est l’élément essentiel de la typicité des vins, dit Michel, et l’axe majeur de notre travail. Faire parler les terroirs. » Ainsi l’Hegoxuri est un savant assemblage des trois parcelles du domaine, formées d'ophites, de schiste et de grès : « Au début d’une dégustation, le côté minéral et salin de l’ophite domine avec sa tonicité. Puis le schiste apporte sa complexité aromatique, sa finesse et son élégance. Et le grès, son côté fumé, pierre à fusil », explique Michel. Depuis 2007, il réalise une cuvée terroir sur une lentille d’ophites riche en fer, en partenariat avec Pantxo Indart, vigneron à Baigorri : le Pantxuri (le blanc de Pantxo). « Sa vigne est un jardin », dit Thérèse. « Du sur mesure, ajoute Michel. Loin des standards de l’agronomie conventionnelle et convenue, mais aussi de l’agrobiologie dogmatique ».
Agriculture biologique et biodynamie
Les vignes d’Arretxea sont conduites depuis le premier jour en culture bio certifiée et en biodynamie. Aucune chimie, mais des décoctions de plantes, des préparats de corne et de silice, et le respect des cycles et des équilibres naturels. Les haies, les arbres fruitiers, les murs de pierres bordant les vignes sont autant de niches écologiques. Et en hiver, les moutons d’un berger ami tondent l’herbe et fument entre les rangs.
« À la fin de l’été, raconte Thérèse, on goûte les raisins. On les épluche : peau, pulpe, pépins. L’acidité, la persistance, la couleur. Les vinifications sont ainsi beaucoup plus précises. Cela nous permet d’orienter la durée des macérations.»
En rouge, le tannat domine. En blanc, les gros et petit mansengs apportent vivacité et notes d’agrumes pour le premier, abondance d’arômes pour le second, le petit courbu y ajoutant sa minéralité. Un judicieux assemblage de trois cépages qui a permis au domaine de décrocher son huitième coup de cœur en Euskal Herria (le pays de la langue basque).